Critique23. Juli 2024

Au cinéma: «Pourquoi tu souris?» se pare de misère comme d'un costume

Au cinéma: «Pourquoi tu souris?» se pare de misère comme d'un costume
© Pathé Films AG

Les réalisateurs et scénaristes *Chad Chenouga* et *Christine Paillard* s’allient à *Jean-Pascal Zadi*, *Emmanuelle Devos* et *Raphaël Quenard* pour proposer une comédie dramatique sociale. Mais tous leurs bons sentiments ne permettent pas à *Pourquoi tu souris?* de raconter une histoire consistante, ni de faire sourire sans grincer des dents.

(Une critique d'Eleo Billet)

Ils n’étaient pas faits pour se rencontrer, et pourtant. Wisi (Jean-Pascal Zadi), qui se rêve vigneron, erre sans domicile dans les rues de Bordeaux. Il flaire le bon coup de se faire passer pour un sans-papiers et réussit à se faire héberger par la bonne poire humanitaire Marina (Emmanuelle Devos). Jérôme (Raphaël Quenard), belle gueule désargentée, embobine à son tour Marina et, pour payer la tombe de sa mère sans avoir à travailler, monte une arnaque avec Wisi.

Au cinéma: «Pourquoi tu souris?» se pare de misère comme d'un costume
Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard dans «Pourquoi tu souris?» © Pathé Films AG

Avec un postulat qui aurait davantage sa place dans un discours de politicien opposé aux aides sociales que dans une comédie à l’esprit bon enfant, Pourquoi tu souris? était mal parti. Si les premières péripéties de Wisi à Bordeaux sont plutôt entraînantes, grâce au jeu de Jean-Pascal Zadi plein de bonhommie, la mise en scène et la photographie sont déjà en reste. Ses échanges avec Emmanuelle Devos dessinent un duo attachant qui ne prend finalement jamais forme, puisque bousculé par l’arrivée d’un autre trublion.

Ici, Raphaël Quenard répète son personnage de beauf raciste et homophobe auquel il nous avait habitués. Seule variation: de l’émotion au souvenir de sa mère et son impossibilité de lui rendre hommage. Cette motivation du personnage est finalement noyée dans les trop nombreuses directions que font prendre le film à Jérôme. Tantôt proxénète amateur, faux handicapé (dans une caricature dangereuse), vrai escroc et charmeur érudit, Raphaël Quenard efface le parcours de Jean-Pascal Zadi. Ce dernier se perd dans une histoire d’amour qui, comme le récit, ne débute jamais, comme bloquée au premier chapitre.

Avec son humour politiquement incorrect et sa fin mièvre et naïve, Pourquoi tu souris ? a tout d’un premier film déséquilibré par ses ambitions narratives et sa réalisation bancale. Dommage, qu’en outre, il dépolitise la pauvreté et ne fasse même pas sourire.

2/5 ★

Au cinéma le 24 juillet prochain.

Plus d'informations sur «Pourquoi tu souris?»

La rédaction de Cineman vous recommande aussi:

Cet article vous a plu ?


Commentaires 0

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement