Critique16. Oktober 2024

Au cinéma: «Miséricorde», Teorema dans la campagne

Au cinéma: «Miséricorde», Teorema dans la campagne
© Praesens-Film AG

(Re)connu pour «L'inconnu du lac», Alain Guiraudie propose, avec «Miséricorde» un thriller sur le désir et sa puissance destructrice. Passé par Cannes, puis au NIFFF, le film doit beaucoup à sa distribution, et en particulier l'acteur Félix Kysyl.

(Un texte de Eleo Billet, depuis le NIFFF 2024)

Après une décennie d'absence. Jérémie (Félix Kysyl) revient dans le village où il a grandi. Il y retrouve Martine (Catherine Frot) une veuve qui tenait la boulangerie, avec son mari. En s'invitant chez elle, il provoque la colère de son fils Vincent (Jean-Baptiste Durand). La tension monte alors. Car le séjour prolongé de Jérémie confronte les villageois à leurs désirs et secrets, notamment le prêtre (Jacques Develay).

Jérémie, enfant du pays au passé trouble, revient dans le Massif Central pour l'enterrement de son ancien patron, le mari de Martine. On n'en saura pas davantage sur son passé. Alors pourquoi Jérémie est-il traité comme un rebut, par Vincent le premier, qui l'accuse de vouloir coucher avec sa mère ?

Au cinéma: «Miséricorde», teorema dans la campagne
«Miséricorde» de Alain Guiraudie © Praesens-Film AG

Dans ce climat orageux, Alain Guiraudie poursuit son exploration de l'érotisme queer, des non-dits et de la répression des désirs dans une configuration qui rappelle celle de «Teorema» (1968) de Pasolini. Ce faisant, «Miséricorde» ramène la comédienne Catherine Frot à un rôle tourmenté, et confirme le talent de Félix Kysyl. La distribution soutient des dialogues truculents, parfois burlesques, entre faux semblants et confrontations malsaines.

L’abandon par la France de ses habitants ruraux est subtilement exploré tout au long du film. À cela s'ajoute le détournement jouissif de la figure du prêtre. Claire Mathon, directrice de la photo, magnifie les forêts et leur rend une teinte jaune empreinte de mystère. «Miséricorde» saute d’un personnage et d’un tourment à l’autre, tandis que l’étau se resserre autour de Jérémie, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire la différence entre ami ou ennemi. L'un des plus beaux et dérangeants films du NIFFF.

4/5★

Au cinéma le 16 octobre

Plus d'informations sur «Miséricorde»

Bande-annonce de «Miséricorde

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