Critique15. Juli 2024 Cineman Redaktion
Au cinéma: «Handling the Undead», le lent ballet des zombies scandinaves
Trois familles face au cadavre mouvant de leur proche : ou comment «Handling the Undead» adapte les codes du film de zombie pour explorer l’(im)possibilité du deuil et notre propre mortalité. Un film sur les tragédies personnelles qui enchantera les amatrices de cinéma lent et rebutera ceux venus trouver des effets gores. Sacré Narcisse du meilleur film au NIFFF 2024.
(Un texte d'Eleo Billet, depuis le NIFFF 2024)
Un homme (Bjørn Sundquist) et sa fille (Renate Reinsve, croisée dans «Julie (en 12 chapitres)») se préparent pour une journée ordinaire, mais l’homme sent que quelque chose cloche dans l’atmosphère. Une vieille femme (Bente Børsum) enterre sa compagne. Une mère de famille (Bahar Pars) meurt dans un accident de voiture. Ceux qui restent pleurent ceux qui sont partis. Mais un soir, les trois foyers norvégiens sont ébranlés par le retour de leurs proches. Les corps putréfiés marchent à nouveau, ressentent, mais combien de temps avant qu’ils n’aient faim?
Pour son premier long, la réalisatrice norvégienne adapte le roman horrifique du suédois John Ajvide Lindqvist, co-scénariste du film de vampires culte «Morse» (2008). Le film prend le temps de poser son environnement étouffant de deuil, tandis que la chaleur torride de l’été à Oslo invite à la langueur, presque à la paresse. Et alors que l’ennui nous guette, Thea Hvistendahl* fait surgir le fantastique dans le quotidien avec ce grand-père qui déterre son petit-fils et lave son corps encerclé de mouches. Et si le garçon était revenu d’entre les morts?
L’heure qui suit se déroulera sans cri, presque sans course-poursuite, loin de ce à quoi les films de morts-vivants nous ont habitué. Les scénaristes d’«Handling the Undead» ont préféré le drame, les longs silences, les non-dits entre un homme et ses enfants lorsque leur mère, qui aurait dû mourir, se réveille putride dans sa chambre d’hôpital. La photographie austère et la musique lancinante renforcent encore ce sentiment de douleur, qui suinte presque de l’image, et qui pousse les vivants à accepter le retour des êtres chers, voire à souhaiter les rejoindre, sans possibilité de guérir de la mort.
Mais malgré la distribution convaincante, les émotions des comédiennes n’empêchent pas une certaine lassitude. Celle de voir un film, au thème déjà maintes fois exploré, assorti de personnages creux, qui ne transcende jamais sa proposition initiale. On retiendra la danse d’un couple sur «Ne me quitte pas» et le final sublime au milieu des eaux.
3/5 ★
Au cinéma le 17 juillet.
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