Critique15. August 2024 Maxime Maynard
Au cinéma: «Le Roman de Jim», récit d’une paternité éphémère
Les frères Larrieu, Arnaud et Jean-Marie, présente leur nouveau film, «Le Roman de Jim», une œuvre esthétiquement sublime, portée par un remarquable Karim Leklou.
À sa sortie de prison, Aymeric (Karim Leklou) tombe sur Florence (Laetiti Dosch), une ancienne connaissance, enceinte et célibataire. Les deux se rapprochent, et à la naissance de l’enfant, Jim, Aymeric prend le rôle de la figure paternelle. Les années passent et son attachement pour le jeune garçon grandit. Mais, lorsque le père biologique de Jim revient à la suite d’un drame, la place d’Aymeric dans cette dynamique familiale commence à se dissiper.
Pour leur nouvelle collaboration, Arnaud et Jean-Marie Larrieu adaptent à l’écran le sixième roman de l’écrivain Pierric Bailly, sortie en 2021. Et pour l’occasion, les frangins s’éloignent de leur sud-ouest natal, qu’ils avaient déjà régulièrement mise en scène dans leurs précédentes réalisations, et posent leur caméra au cœur du Jura.
Personnage à part entière, la région est sublimée et décore l’écran d’une nature luxuriante. Montagnes, verdure et cours d’eau, le public ne peut que s’extasier devant la beauté sauvage de ces images superbement illuminées par le travail d’Irina Lubtchansky, la directrice de la photographie. De temps en temps, des négatifs de clichés argentiques capturés par Aymeric apparaissent, insufflant un peu plus de vie à l’œuvre et plongeant dans l’intimité du personnage.
Pour conter son histoire, les deux réalisateurs enfilent également la casquette de scénaristes. Si leur récit, rythmé par la voix hors champs de Karim Leklou, intriguent, les dialogues surprennent par leur manque de naturel. Plus à leur place sur une scène de théâtre que sur les écrans de cinéma, ils rendent les échanges entre les protagonistes bien trop mécaniques pour être véritablement réalistes.
Heureusement, le charisme de la distribution capture suffisamment l’attention. Si, dans la peau d’une Florence particulièrement irritable, la franco-suisse Laetitia Dosch disparaît au profit de son personnage grâce à une performance appréciable, c’est surtout Karim Leklou qui épate. Il avait déjà prouvé un talent certain dans «BAC Nord» ou «Vincent doit mourir». Ici, il démontre une sensibilité à toute épreuve. Figure centrale, il porte le film grâce à son incroyable interprétation: la représentation d’une certaine masculinité douce qui pourrait bien être la raison principale de ne pas hésiter à découvrir «Le Roman de Jim».
3,5/5 ★
Au cinéma depuis le 14 août.
Plus d'informations sur «Le Roman Jim»
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