Critique28. Januar 2019

«Beautiful Boy» - Le combat d’un père pour sauver son fils

«Beautiful Boy» - Le combat d’un père pour sauver son fils

Une carrière universitaire prestigieuse en ligne de mire, loin du sombre destin qui l’attend. Quand un père découvre que son fils prodige touche à la drogue, d’un coup la vie s’emballe. Le réalisateur flamand Felix Van Groeningen s’empare du récit autobiographique de David Sheff avec une poigne de fer et dépeint avec maestria le combat tortueux de ce père pour sauver son fils.

Nic (Timothée Chalamet) est un jeune homme plein de vie, un garçon promis à réaliser de grandes choses. Mais à 12 ans, par curiosité, il touche à la drogue pour expérimenter. De manière occasionnelle, il enfile pourtant le costume d’héroïnomane. La drogue dure pour une vie de toxicomane à plein temps. Nic s’enfonce toujours un peu plus dans le piège de la drogue et à 18 ans, tout dégénère. Son père, David Sheff (Steve Carell), un journaliste, décide de tout mettre en oeuvre pour sortir son fils de l’enfer. Sa vie en prendra un coup et lui-même va se retrouver au point de saturation.

Felix Van Groeningen s’est distingué avec Alabama Monroe, ou encore avec Belgica en 2016. Beautiful Boy s’inscrit dans cette lignée : Une relation en fin de cycle, des personnages au bout du rouleau qui passent le témoin. Les événements rappellent à la raison et arrêter les frais devient la seule solution, comme pour David Sheff, éreinté par une bataille qu’il pensait possible de gagner. Son fils Nic est jeune, encore malléable et capable de relever la tête. Mais tout va de travers, même si l’espoir fait vivre… quelque temps.

Un marathon de l’espoir qui se transforme en une déchirante déconvenue.

Curiosité de journaliste ou incompréhension parentale, David se lance corps et âme dans l’étude de la toxicomanie. Il veut tout savoir sur la méthamphétamine, quitte à tester lui-même pour en comprendre les effets. Les différents effets sont à l’image de la relation père/fils que Beautiful Boy décrit. Un marathon de l’espoir qui se transforme en une déchirante déconvenue. Van Groeningen le narre sans prétention, avec la retenue nécessaire.

Steve Carell & Timothée Chalamet - Beautiful Boy (2018) © Ascot Elite

Structuré habilement à travers différent flashbacks, Beautiful Boy nous happe dans cet affrontement entre deux créatures mélancoliques : David et Nic. Pour ce faire, il faut deux comédiens à la hauteur. Chose faite. Steve Carell est d’une sublime retenue. Le comédien vous serre le coeur quand il propose à son fils de lui réserver une chambre pour l’aider. En face, Timothée Chalamet (nommé aux Golden Globes et aux BAFTA pour sa performance dans un second rôle) bascule de la joie à la douleur.

Timothée Chalamet - Beautiful Boy (2018) © Ascot Elite

Le voir traîner, les larmes aux yeux, fatigué de faire face à sa dépendance, et de prendre son pied quand l’aiguille se faufile dans ses veines, nous montre qu’il a tout d’un « beautiful boy ». Charles Bukowski en toile de fond, Sigur Rós en fond sonore. Beautiful Boy est ce film à la syntaxe éclatée, parfois empreint d’une inégalité rythmique, certes, mais terriblement touchant.

En bref !

Rien que pour les performances de Steve Carell et Timothée Chalamet, Beautiful Boy vaut son pesant d’or. La lutte perpétuelle d’un jeune toxicomane y est admirablement traitée, entrecoupée de plusieurs étapes de vie importantes pour les deux individus. Un morceau de vie, entre rires et larmes, entre espoirs et désespoirs. Un film sur le fil du rasoir.

4/5 ★

Plus d'informations sur Beautiful Boy.

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