Critique23. Februar 2023 Maxime Maynard
Berlinale 2023 : «Le Grand chariot» - Les tourments d’une famille de marionnettistes
Philippe Garrel, grande figure du paysage cinématographique français, reprend le chemin de la Berlinale après «Le Sel des larmes» en 2020, et présente en compétition sa chronique familiale «Le Grand chariot».
Pour Louis (Louis Garrel), Martha (Esther Garrel) et Léna (Léna Garrel), être marionnettiste est une affaire de famille. Sous la direction de leur père (Aurélien Recoing), propriétaire d’un modeste théâtre parisien, ils mettent en scène des spectacles pour un jeune public. Mais lorsque le patriarche meurt, le destin de la petite troupe devient incertain.
Philippe Garrel a toujours aimé mettre en scène son entourage. Sa femme, ses parents, ses enfants, ses amis : tous sont passés devant la caméra du maître. Dans «Le Grand chariot», il ne change pas ses habitudes et laisse évoluer à l’écran ses trois enfants : Louis, Esther et Léna Garrel. Et quels rôles plus adaptés que les membres d’une fratrie ? Si le parallèle avec la réalité est clair, le réalisateur clame haut et fort le caractère fictionnel de l’œuvre en plaçant la cellule familiale dans le monde intrigant des marionnettes.
Depuis ses premiers pas devant la caméra, Louis Garrel a réussi à se faire une place de choix dans le cinéma francophone et international. Pourtant, sa performance dans «Le Grand chariot» ne marquera pas les esprits. Ainsi, durant 95 minutes, il débite des répliques fades et impersonnelles d’une tonalité terriblement morne, bien peu aidé par des dialogues douloureusement artificiels. Heureusement que sa sœur Léna est là pour illuminer un peu l’écran par sa simple présence.
Les péripéties lasseront tant par leur lenteur que par l’irrationalité des décisions prises par les personnages. Spectacle dans le spectacle, la mise en abyme est évidente. Introduits par une voix hors-champ, les protagonistes deviennent, à l’instar de leurs marionnettes, personnages de la curieuse orchestration de Philippe Garrel. L’intérêt reste discutable et l’idée, maladroitement exécutée, se fait superficielle. Il en ressort une œuvre prétentieuse et assommante, à garder au chaud pour les nuits d’insomnie.
2/5 ★
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