Critique5. Dezember 2022 Cineman Redaktion
«Broker» de Hirokazu Koreeda - De gentils marchands d'enfants
Nouveau long-métrage du cinéaste japonais, Hirokazu Kore-eda avait foulé cette année la croisette avec «Broker» («Les bonnes étoiles») et un thème qui lui est cher : la famille choisie. Song Kang-ho y remporte le prix du meilleur acteur. À découvrir au cinéma le 7 décembre.
(Critique de Teresa Vena, texte original en allemand)
Un tailleur (Song Kang-ho) déguisé en prêtre et son assistant (Gang Dong-won) utilisent la « boîte à bébé » d’une église de Busan pour se procurer des nourrissons qu'ils revendent à des couples désireux d'adopter. Une entourloupe qui fonctionne, sauf qu’un jour, la jeune So-young (Lee Ji-eun) part à la recherche de son petit garçon abandonné la nuit précédente.
La mère est d'accord pour remettre sa progéniture à un couple, mais elle veut être présente lors de la sélection des parents et prendre part à la recette. C'est ainsi que la troupe se met en route à travers le pays, avec à leurs trousses un duo d’inspectrices de la police (Bae Doona et Lee Joo-young) qui souhaite les prendre en flagrant délit.
De retour à Cannes après «Une affaire de famille» (Palme d’or en 2018), le cinéaste Hirokazu Kore-eda nous dévoile un road trip en Corée du Sud pour nous parler des bébés abandonnés anonymement. Une entame narrative qui nous plonge au cœur d’un trafic et des constructions familiales alternatives si chères au cinéaste japonais.
Kore-eda étudie en effet la relation naissante entre ces parents et ces enfants et avance l’idée qu’il existe des familles au-delà des liens du sang. Dans «Broker», le cinéaste rebat les cartes des concepts de père et de mère, des statuts qui se méritent, nous dit-il, comme un droit que nous accorderaient les enfants. Et si la société a ses règles, Hirokazu Kore-eda ne s’est pas privé de les réécrire.
Tourné en Corée du Sud avec des acteurs sud-coréens, Song Kang-ho, récemment croisé dans «Parasite», y dévoile une performance remarquable et porte avec le reste de la distribution ce drame social touchant. Si le ton du film oscille parfois entre le larmoyant et le pathos, la bonhomie des personnages, l’humour du cinéaste, son insouciance et la mise en scène en font une œuvre des plus convaincantes.
«Broker» est un film émerveillé par ses protagonistes et leurs élans surréalistes. Ce sont tous des gentils, au bord même de l’insupportable, et qu’importe qu’ils soient des criminels. Car c’était bien là l'intention du film, l’œuvre d’un cinéaste qui croit en la bonté de l’humain et qui nous invite à faire de même.
5/5 ★
Le 7 décembre 2022 au cinéma
Plus d'informations sur «Broker».
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