Critique10. April 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Blackbird Blackbird Blackberry», une éclosion tardive dans un village géorgien par Elene Naveriani
Après «Wet Sand» en 2022, Elene Naveriani présentait à la Quinzaine des cinéastes une nouvelle étude de caractère intime sur la recherche de liberté d’une femme restreinte par son environnement. Sacré meilleure fiction au dernier Prix du cinema suisse.
(Une critique de Teresa Vena, depuis Cannes 2023. Traduit de l'allemand)
Etero (Eka Chavleishvili) vit dans un village géorgien où elle tient une petite boutique. Ici, tout le monde se connaît. Mais à l'exception d'une seule bonne amie, les relations d’Etero avec les autres femmes du village sont principalement tendues. Car, célibataire et sans enfant, elle sort du lot. Si, jusqu'à présent, elle s’en accommodait, tout change le jour où elle séduit son fournisseur de lessive Murman (Teimuraz Chinchinadze) et vit sa première expérience sexuelle à 48 ans. Une liaison qui la fera s'épanouir.
Pour son troisième long-métrage après «I am Truly a Drop of Sun on Earth» et «Wet Sand», Elene Naveriani plante une nouvelle fois le décor dans la campagne de sa Géorgie natale. Car les mentalités plutôt conservatrices et le strict contrôle social qui règnent dans ces environnements l’intéressent particulièrement. Naveriani utilise ce microcosme pour observer à la loupe les interactions humaines. Et voici bien l’un des points forts du film : la concentration du lieu souligne l'ambiance intime du drame.
Mais loin d’être un simple enchaînement d’éléments dramatiques, le long-métrage se part d’humour noir et utilise un langage visuel strict, mais sensuel, qui n’est pas sans rappeler les œuvres du réalisme poétique. Et Naveriani n’hésite pas à faire flotter un parfum de fantastique pour raconter une histoire de sexualité. Une approche particulière, focalisée sur l’expérience d’une femme d’un âge moyen. Le film en devient une œuvre primordiale pour notre époque, grâce à sa remise en question du rôle stéréotypé des genres.
L'actrice Eka Chavleishvilis rayonne et porte «Blackbird Blackbird Blackberry» avec une force impressionnante. Elle fait d’Etero un délicat mélange de force, de naïveté et de vulnérabilité. Elene Naveriani aurait alors pu faire davantage confiance à ce regard pénétrant et laisser de côté quelques scènes explicites qui pourraient sembler un peu racoleuses.
3,5/5 ★
Plus d'informations sur «Blackbird Blackbird Blackberry»
Au cinéma le 10 avril 2024.
Bande-annonce de «Blackbird Blackbird Blackberry»
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