Critique9. September 2024 Cineman Redaktion
Au cinéma: «Le Procès du chien», Laetitia Dosch crée l’hilarité avec son premier film
L’actrice franco-suisse Laetitia Dosch passe pour la première fois derrière la caméra avec «Le Procès du chien», une tragicomédie entièrement tournée sur les bords du lac Léman. Le film faisait sa première au Festival de Cannes et a été présenté en cérémonie de clôture sur la Piazza Grande de Locarno. On fait le point.
(Un texte de Marine Guillain)
Avocate spécialisée dans la défense des animaux, Avril (Laetitia Dosch) se fait remonter les bretelles par son boss (Pierre Deladonschamp): celui-ci aimerait qu’une bonne fois pour toutes, elle arrête de prendre en charge des causes désespérées perdues d'avance. Emplie de bonnes résolutions, Avril ne parvient pas à refuser la demande de son client suivant Dariuch (François Damiens), malvoyant, dont le chien Cosmos est condamné à mort pour avoir mordu plusieurs personnes. Arrive le procès. Comptant sur l’aide de Marc (Jean-Pascal Zadi), comportementaliste animalier, l’avocate va tout tenter pour sauver son client récidiviste de la peine capitale…
Entièrement tourné dans le canton de Vaud, essentiellement à Lausanne, «Le Procès du chien» est l’un des quatre films suisses sélectionnés à Cannes. Présenté ce week-end dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, il fait partie des métrages très attendus de cette édition et sortira sur les écrans romands le 11 septembre prochain. «La Suisse est un territoire que j’adore et il est très peu filmé», nous avait confié Laetitia Dosch à l’époque, alors que le film était en préparation. «Je trouve que ce pays a une singularité qui est propice à la comédie, et une telle histoire dans la vraie vie pourrait réellement prendre une grosse ampleur en Suisse.» La cinéaste, ancienne étudiante de la Manufacture à Lausanne, avait aussi expliqué s’inspirer de l’humour des frères Coen, avec de la fantaisie et des personnages «un peu fous».
Produite par Bande à Part (l’un de ses fondateurs, le cinéaste lausannois Lionel Baier tient d'ailleurs un petit rôle dans le film), la parodie sociétale mêle ironie, décalage et absurde pour mettre en lumière tout un paquet de sujets: le sexisme, le harcèlement au travail, le racisme systémique, la lutte des classes, les injustices… En connaissant un peu Laetitia Dosch et ses choix professionnels, tant au théâtre («Laetitia fait pêter», «Hate») qu’au cinéma («La bataille de Solférino», «Jeune femme», «Gaspard va au mariage», «En même temps»), ainsi qu’au regard du casting choisi (François Damiens et Jean-Pascal Zadi), il était probable (et souhaitable) que ce premier long métrage se révèle excentrique. Ces attentes ont été comblées, grâce à de nombreux petits détails désopilants venant se glisser ici et là. On est bien dans l’univers Dosch, on s’en délecte, et pour ne rien gâcher, tout le monde livre une belle performance de jeu. Surtout Cosmos, le chien, très sérieux candidat pour la Dog Palm.
4/5★
A découvrir le 11 septembre au cinéma.
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