Maxime Maynard
En 2020, Cooper Raiff prouvait avec «Shithouse» un don particulier de conteur. «Cha Cha Real Smooth», son second long métrage, confirme ce talent. Présenté en avant-première au Festival du film de Sundance 2022, il est à découvrir depuis le 17 juin sur Apple TV+.
À 22 ans, Andrew (Cooper Raiff) ne sait toujours pas ce que le futur lui réserve. De retour chez sa mère et son beau-père, il travaille pour une chaine de restauration rapide. Le jour où, devant le manque d’enthousiasme des participants d’une Bar Mitzvah, il prend les devants pour mettre l’ambiance, il se découvre un don et une possible vocation. Montant sa propre petite entreprise, il se lance dans l’animation de soirée. Lors de l’une d’entre elles, le jeune homme se lie d’amitié avec Domino (Dakota Johnson) et sa fille Lola (Vanessa Burghardt).
Si «Cha Cha Real Smooth» ne fait peut-être pas dans l’originalité, nous lui pardonnons bien rapidement. Au-delà d’une histoire aux apparences simplistes, c’est la façon dont celle-ci est racontée qui fait toute la différence. En un minimum de scènes, Cooper Raiff, scénariste, réalisateur et acteur principal, pose clairement son récit et ses personnages. Centraux ou secondaires, de chacun d’entre eux émane une vibrante profondeur.
Vanessa Burghardt est brillante dans son rôle de Lola, jeune femme autiste. Elle-même neurodivergente, elle apporte sincérité et authenticité. De sa douce voix, Dakota Johnson crève l’écran et capture l’essence même du personnage de Domino, la mère. Entre les deux femmes, une immanquable connexion se créée, un lien fort et intense qui traverse l’écran. Une vision équilibrée des relations qui rythment la vie de chacun d’entre nous.
Un discours nuancé, sans critique ni jugement.
L’alchimie de la distribution est omniprésente. Une émotion accentuée lors de moments maternels poignants entre Domino et Lola, ou entre Andrew et sa propre mère (Leslie Mann) pour une douce représentation des liens familiaux. Et si le film se rapproche parfois un peu trop de la limite de la mièvrerie, il se sert des tropes de la comédie romantique pour nous offrir une vision plus complexe qu’attendue des relations sentimentales. Un discours nuancé, sans critique ni jugement.
Dépression, bipolarité, autisme : des thématiques fortes que «Cha Cha Real Smooth» aborde en s’éloignant d’une utilisation trop tragique souvent rencontrée à l’écran. Car, qui dit divergence psychologique et neurologique, ne dit pas manque d’humanité, et c’est avec plaisir que nous observons des personnages décrits comme tels, bien loin des stéréotypes et des idées préconçues. Le long-métrage sera surtout là pour éduquer et ainsi créer une véritable discussion.
Une vision équilibrée des relations qui rythment la vie de chacun d’entre nous.
Avec talent, Cooper Raiff propose un film d’où émanent douceur et bonté. Le jeu de la distribution, tout en simplicité, offre une agréable vision de personnages trop fréquemment résumés à leurs simples différences. Ainsi, par son humour et sa légèreté, «Cha Cha Real Smooth» offre un agréable moment pour un visionnage tout en émotion.
4/5 ★
Depuis le 17 juin sur Apple TV+
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