Après avoir réalisé et scénarisé nombre de comédies déjantées comme «Anchorman», «Very Bad Cops» ou encore «Step Brothers», Adam McKay a changé son fusil d’épaule avec sa satire profonde de la crise des subprimes dans «The Big Short». «Cheney», son nouveau film, se place clairement dans sa lignée.
Après avoir occupé les postes les plus prestigieux et influents de l’administration américaine depuis 1975, Dick Cheney devient le nouveau vice-président des États-Unis le 20 janvier 2001. Un poste symbolique avec lequel le Républicain va mener la politique américaine et devenir l’homme le plus puissant du monde, sans faire de bruit.
Dès son ouverture, le spectateur est averti : il ne s’agira pas d’un biopic classique et studieux comme Hollywood en fait des dizaines chaque année. Le panneau introductif se concluant sur un magique « Putain, on a bossé ! » annonce, au contraire, un film biographique original, décalé, audacieux et sardonique. Et Cheney ne défaillit pas une seconde durant 2h12.
Le film de Adam McKay livre un super portrait critique de l’Amérique, des arcanes du pouvoir, de l’abus des mieux lotis face aux pauvres, de la politique américaine et des différentes administrations depuis la présidence Nixon. Entre l’opportunisme de certains et l’incompétence des autres, Dick Cheney a réussi à se hisser en haut des strates politiques de la plus grande puissance du monde. Ainsi, le film va raconter avec brio l'incroyable ascension du Républicain au cœur défaillant, un comble amusant pour un homme décrit "sans-cœur".
Incisif jusqu’à ses derniers instants ...
À travers un montage hyper imaginatif (ce génial générique en milieu de métrage), sa narration particulièrement inspirée et son ton toujours décalé, Cheney n’oublie jamais de développer un propos profond. C’est là la grande force du long-métrage de Adam McKay. Son style très particulier ose et tente sur la forme tout en conservant une richesse impressionnante sur le fond. Et s’il tombe parfois dans la caricature de sa propre griffe, son film ne s’écroule jamais, se révèle incisif jusqu’à ses derniers instants (ce monologue frappant) et surprend même une ultime fois avec une scène post-générique jouissive.
Alors, quand ses multiples qualités sont sublimées par un casting cinq étoiles composé par Amy Adams, Steve Carell, Sam Rockwell, Bill Pullman, Alison Pill, Jesse Plemons et surtout mené par la prestation parfaite d’un Christian Bale méconnaissable, Cheney se place définitivement comme l’un des grands films de l’année 2019.
En bref !
Dans la lignée de The Big Short, Cheney est un retour riche et passionnant sur la politique américaine et Dick Cheney, au montage féroce et imaginatif, au propos piquant et à l'humour noir cinglant. Christian Bale livre une des plus belles performances de sa carrière.
4,5/5 ★
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