News19. August 2019

Coup de projecteur sur 6 productions suisses lors de la 72ème édition du Festival du Film de Locarno

Coup de projecteur sur 6 productions suisses lors de la 72ème édition du Festival du Film de Locarno
© Montage: Cineman

Cette année encore, Locarno a fait la part belle aux productions suisses. Et même si la compétition ne recensait qu’un seul et unique film helvétique («O Fim do Mundo» de Basil Da Cunha), d’autres ont été présentés sous différentes sections. Un petit tour d’horizon pour faire le bilan et rappeler que le cinéma suisse a des atouts à faire valoir.

1 - «O Fim do Mundo» de Basil Da Cunha

© Locarno Film Festival

Ça parle de quoi? Spira sort d’un établissement pénitentiaire pour mineurs et retrouve ses proches à Reboleira (Lisbonne), un bidonville en cours de destruction. Kikas lui fait comprendre qu’il n’est pas le bienvenu.

Nos impressions: L’âpreté de la rue, des visages jeunes et moins jeunes. La beauté et la complexité d’un quartier et d’individus qui se croisent, qui s’intimident. Basil Da Cunha dessine des existences au travers de Spira, jeune homme tout juste sorti de 8 ans de maison de correction. Une œuvre cathartique, à la violence sous-jacente. Pas le moindre plan de trop et servie par une esthétique sublime, l’histoire se tisse au milieu d’une communauté promise à l’abandon. Da Cunha imagine un quartier promis à la déconstruction, à l’instar de ces âmes qui l’habitent. «O Fim do Mundo» se suit dans la nuit, au milieu de destins épuisés. Basil Da Cunha capte un moment de mélancolie, presque à l’instinct. Comme un poème de la violence.

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2 - «Love Me Tender» de Klaudia Reynicke

© Locarno Film Festival

Ça parle de quoi? Seconda est agoraphobe. À 32 ans elle souhaite voler de ses propres ailes mais son mal l’en empêche. Incapable de sortir de chez elle, elle va réussir à sortir après de nombreux mois. Une fois hors de son domicile, elle va repousser ses limites et plus encore…

Nos impressions: Présenté dans la section Cineasti del presente, «Love Me Tender» est une fresque intéressante sur le poids d’une maladie comme l’agoraphobie. Une mise en scène à bras le corps, intensifiée par la performance physique et habitée de Barbara Giordano. À la recherche de la liberté, étape par étape, aussi débridée que poignante. L’incipit d’une nouvelle existence. Une course au nouveau souffle.

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3 - «Sapphire Crystal» de Virgil Vernier (court-métrage)

© Locarno Film Festival

Ça parle de quoi? La jeunesse dorée genevoise décryptée le temps d’une soirée, en trois lieux et trois temps.

Nos impressions: Avec l’aide des étudiants de la HEAD de Genève, Virgil Vernier s’immisce dans cette jeunesse dorée qui ne connaît pas la crise, qui se tire des rails de coke avec un billet violet, celui de 1000 frs. Une percée de 30 minutes dans le milieu mondain genevois. Une boîte de nuit, des douches avec des bouteilles de champagne aux prix exorbitants, Vernier observe un milieu de contradictions, de jeunes privilégiés immoraux. L’ostentation est à son apogée, tout comme la conjugaison du vide dont sont adeptes cette bande de fils et filles à papa.

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4 - «L’île aux oiseaux» de Maya Kosa et Sergio Da Costa

© Locarno Film Festival

Ça parle de quoi? Antonin est un jeune homme en pleine reconstruction. Il se redécouvre par le biais d’un centre de soins pour oiseaux. Ici on sauve les animaux blessés tout comme les âmes en peine.

Nos impressions: Réapprendre à vivre, à se responsabiliser après une période d’isolement. Antonin retrouve petit à petit le chemin du renouveau. La valse des convalescents, tant humaine qu’animalière. Maya Kosa et Sergio Da Costa brossent le portrait d’âmes perdues. Une approche touchante aux frontières de l’ennui. Ces oiseaux incapables de voler, ces êtres humains figés dans leur inconfort. «L’île aux oiseaux» tend vers une réplique intelligente, au prix d’une mise en scène simple, dénuée d'artifice. Mais la manière manque, trop tendre dans son propos.

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5 - «Die Fruchtbaren Jahre sind vorbei» de Natascha Beller

© 2019 Cineworx

Ça parle de quoi? 3 jeunes femmes de plus de 30 ans prêtes à tout pour respecter à la lettre les diktats de l’horloge sociale. Une comédie déjantée.

Nos impressions: «Die Fruchtbaren Jahre sind vorbei» use de manière originale le sujet brûlant et très actuel de l’émancipation féminine. Un portrait de femme moderne, avec en toile de fond les pressions sociales tel que mener de front une carrière professionnelle et une vie de famille. Pas le choix ou doivent-elles vraiment choisir? Natascha Beller empoigne le sujet avec radicalité et s’amuse à vulgariser ce questionnement social incessant. Personnage central, Leila (Michèle Rohrbach) rêve d’avoir un enfant, elle tente les blind date, Tinder, les soirées ; la pote de Leila, Sophie (Anna Haug), elle, se refuse à perdre son temps avec une relation, elle préfère s’amuser et s’occuper de sa fille ; Amanda (Sarah Hostettler), la sœur de Leila mène de front sa carrière d’architecte et sa nouvelle vie de mère. Un désastre. Un montage survitaminé, des idées de mise en scène loufoques et originales, un casting furieux. L’hystérie s’étend sur 1h30, avec des hauts et des bas, mais sa dose de légèreté fait des ravages. Beller ne recule devant rien et ça marche.

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6 - «Another Reality» de Noël Demesch et Olli Waldhauser

© Locarno Film Festival

Ça parle de quoi? Agit, Parham, Ahmad, Kianush et Sinan. Cinq hommes aux parcours très divers, avec un point commun: celui d’être ou d’avoir été membres de gangs ou de grandes familles évoluant à la limite de la légalité, voire au-delà.

Nos Impressions: Présenté à la semaine de la critique, «Another Reality» s’immisce dans la vie d’individus en reconstruction. 5 protagonistes aux allures trompeuses, attachants quand il s’agit de jeter un regard dans le rétro. Leur passé est riche en casseroles. La difficulté de «traîner» un nom étranger, de se sentir comme un étranger dans son propre pays comme dans son pays d’adoption. L’argent facile, le respect, les grosses voitures. Des thématiques évoquées, racontées à travers 5 regards avertis. Une expérience dans les bas-fonds des petites et grosses magouilles. Il y a un avant et un après, comme Parham qui après sa vie de criminel se lance dans la musique. Demesch et Waldhauser révèlent un documentaire édifiant, sur des chemins de vie parfois obligatoires pour certains.

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