Critique25. Januar 2024

Critique de «La Couleur Pourpre», petit tremplin pour grande distribution

Critique de «La Couleur Pourpre», petit tremplin pour grande distribution
© 2024 Warner Bros. Ent. All Rights Reserved

Il était temps qu’une adaptation de «La Couleur pourpre» retranscrive sans détours ses thèmes afro-féministes, notamment les violences spécifiques infligées aux femmes afro-américaines. C’est chose faite dans la version proposée par Marcus Gardley et Blitz Bazawule, bien que la force du roman reste atténuée.

(Une critique d'Eleo Billet)

Dans le sud-est des États-Unis, au début du XXe siècle, Celie Harris (Phylicia Pearl Mpasi, puis Fantasia Barrino) se débat entre les viols incestueux de son père, la séparation avec ses enfants et son amour pour sa petite sœur Nettie (Halle Bailey). Quand son père marie Celie à Mister (Colman Domingo), un homme violent plus âgé, débutent pour la jeune femme des années de souffrance où, restant passive, sa foi en Dieu sera mise à l’épreuve. Mais son amitié avec les femmes noires qu’elle rencontrera, sa belle-fille impétueuse Sofia (Danielle Brooks) et l’amante séduisante de son mari, la chanteuse Shug Avery (Taraji P. Henson), lui permettront de s’émanciper.

En 1985 sortait l’adaptation du chef-d’œuvre épistolaire d’Alice Walker. Choisi pour moderniser l’histoire de Celie d’après la comédie musicale de Broadway, le réalisateur Blitz Bazawule propose dans «La Couleur pourpre» une vision bien plus afro-centrée que celle de Spielberg. Sa participation au film de Beyoncé «Black is king» se ressent dans sa mise en scène des numéros musicaux, filmés comme s’il s’agissait d’une captation de Broadway.

Critique de «La Couleur Pourpre», petit tremplin pour grande distribution
Danielle Brooks et Corey Hawkins dans «La Couleur Pourpre» © 2024 Warner Bros. Ent. All Rights Reserved

Aux scènes joyeuses se succèdent les violences sexuelles, physiques et institutionnelles, sans que la mise en scène ne s’adapte aux différentes tonalités. Heureusement la photographie de Dan Laustsen offre une vision délicate du Sud des USA et sublime les comédiennes noires, comme c’est encore rarement le cas à Hollywood. Ainsi, l’arrivée de Shug Avery de nuit, au cabaret, ou encore sa danse amoureuse avec Celie, sont des scènes d’une grande beauté formelle.

Étirée sur 2 heures 20, l’histoire aurait pu bénéficier d’une adaptation sérielle. En effet, les grandes étapes de la vie de Celie manquent de liant, ce qui diminue l’empathie pour l’héroïne. Finalement, les interprètes portent le film et offrent tous et toutes des performances grandioses. Phylicia Pearl Mpasi et Fantasia Barrino, qui jouent Celie jeune puis plus âgée, font leur début au cinéma avec une maîtrise rare. De même, Halle Bailey, héroïne dans «La petite sirène», confirme ici son talent. Dommage que, pour une comédie musicale, les chansons et chorégraphies soient mises en scène avec si peu de puissance.

3/5 ★

Au cinéma depuis le 24 janvier

Plus d'informations sur «La Couleur Pourpre»

Bande-annonce de «La Couleur Pourpre»

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