Critique15. September 2023

Critique de «L'été dernier», l’histoire d’une passion interdite

Critique de «L'été dernier», l’histoire d’une passion interdite
© Xenix Filmdistribution GmbH

Présenté en fin de festival en mai dernier à Cannes, «L’été dernier» est probablement le film qui a suscité la plus grande controverse. Catherine Breillat y filme la relation extraconjugale entre une quinquagénaire et son beau-fils de 17 ans.

(Une critique de Marine Guillain)

Anne (Léa Drucker) est avocate. Elle recueille notamment des témoignages de jeunes filles ayant subi des abus sexuels. Elle vit avec son mari Pierre (Olivier Rabourdin) et leurs deux filles, âgées de six et sept ans. Un jour, l’arrivée de Théo (Samuel Kircher), fils d’un précédent mariage de Pierre, vient troubler la tranquillité de la famille bourgeoise. Ado de 17 ans, Théo traverse une phase difficile et se révèle passablement ingérable. Jusqu’à ce qu’un lien de confiance se tisse doucement entre Anne et lui, confiance qui va se transformer en sentiments plus… charnels.

À 74 ans, la réalisatrice Catherine Breillat revient après 10 ans d’absence. «L’Été dernier» est le remake du film danois «Queen of hearts». Du fait de son sujet transgressif, qualifié de «sulfureux», le film a forcément dérangé et indigné lors de sa présentation cannoise en compétition officielle en mai dernier. En réalité, plutôt que de se concentrer sur l’aspect subversif (franchement pas tant provocant), «L’Été dernier» parle surtout d’une femme - avocate quinquagénaire à priori bien dans ses escarpins – qui, soudain incapable de résister à ses pulsions, s’empêtre toujours davantage dans un tissu de mensonges qui menace tout l’équilibre familial. «J'ai fait ce film pour parler de cette folie destructive qui s'empare parfois de nous et qui ne s’explique pas, nous a confié Léa Drucker lors de notre rencontre à Cannes. Je ne trouve pas le film sulfureux, je trouve qu’il est humain.»

Problème fondamental de ce long métrage : il sonne faux du début à la fin. Est-ce un souci de direction d’acteurs et actrices ? De montage ? De manque de cohérence ? Supposons un mélange de tout ça. Quoi qu'il en soit, même si tout ne s’explique pas toujours, impossible de croire à la trame de «L’Été dernier». Non pas à cause de l’écart d’âge entre les protagonistes, mais parce que les répliques naviguent entre pauvreté et poncifs sans originalité. Parce que tout va trop vite, sans aucune transition crédible. On passe, sans rien y comprendre, de l’attitude désagréable et exagérée de Théo, qui cambriole et met sens dessus dessous la maison où il est accueilli, à Anne qui lui demande en toute confiance de la tatouer, à une scène d’amour fou dans l’herbe. Et ce n’est pas parce que Samuel Kircher est le frère de Paul, choix initial de Catherine Breillat et excellent acteur («Le lycéen», «Le règne animal»), qu’il a la même aura que son aîné et qu’il parvient à sauver «L’Été dernier» de ses airs de mauvais téléfilm.

1,5/5 ★

Au cinéma depuis le 13 septembre.

Plus d'informations sur «L'été dernier».

Bande-annonce de «L'été dernier»

A lire aussi sur Cineman :

Cet article vous a plu ?


Commentaires 0

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement