Critique12. September 2023 Emma Raposo
Critique de «Rictus» sur OCS, quand le rire est un poison
Bienvenue dans une société où le rire a été banni. Dans cet avenir plus ou moins proche, Stéphane, incarné par Fred Testot, sera peut-être celui qui provoquera l’hilarité générale et entraînera la révolution. Zoom sur Rictus, une série comique attendue le 14 septembre sur OCS.
Imaginez un monde où vous ne pourriez pas rire, ni même esquisser un sourire, à peine faire une petite grimace de joie. Dans cette société où le rire est strictement interdit, Stéphane (Fred Testot) traque les hors-la-loi, les rieurs. Citoyen irréprochable et employé modèle admiré de ses collègues, il a de belles prises à son actif. Aucun rieur ne lui échappe. Mais lorsque Céline (Ophélia Kolb), une stagiaire qui ne peut s’empêcher de rire à son contact, débarque, Stéphane se sent en danger et commence à douter. La police anti-rire n’est jamais très loin, ce qui n’empêche pas des terroristes du rire de kidnapper Stéphane et de voir en lui « l’élu », celui qui changera peut-être la face du monde.
À tous les friands de séries wtf et décalées, la série «Rictus» est faite pour vous! 9 épisodes tripants tout droit sortis des cerveaux d’Arnaud Malherbe et Marion Festraëts, créateurs et scénaristes du programme. On a connu la série dystopique dramatique «The Handmaid’s Tale», place à «Rictus», la comédie dystopique dans laquelle une dictature du rire fait rage. Dans ce monde où l’on prône la bienveillance, le rire, symbole de la moquerie, est considéré comme un délit grave, une maladie pour laquelle les citoyens sont envoyés en désintoxication. Société normée à souhait, les couleurs pastels, synonymes d’un monde de tolérance et de bonté, contrastent avec les airs graves, inexpressifs et déshumanisés d’une population castrée d’un de ses instincts les plus basiques.
Pour servir la série, on peut compter sur un Fred Testot très en forme, comme un poisson dans l’eau dans le registre comique, un genre qui l’a vu naître et grandir devant les yeux du grand public. Peuplés de rôles secondaires hilarants, à l’image du collègue de travail envahissant Youssef Hajdi, ou du chef du groupuscule terroriste Pascal Demolon, «Rictus» réalise un joli parcours durant les 4 premiers épisodes, avec quelques scènes très réussies comme la réunion des rieurs anonymes. Qui plus est, la musique énigmatique de Flemming Nordkrog vient apporter une touche énigmatique au côté comique, mais également dramatique de la série.
Le concept s’essouffle pourtant quelque peu dans la deuxième partie, vite rattrapé par une redondance du discours. La série piétine pour reprendre quelques forces dans les deux derniers épisodes avec des hommages notamment aux clowns et au genre burlesque. Le pari est osé de proposer une série résolument hors des sentiers battus, clivante à n’en pas douter, mais faisant écho à un débat de société plus que d’actualité: la bien-pensance ou le politiquement correct, bienfait ou gangrène de la société?
3,5/5 ★
Une série à découvrir sur OCS le 14 septembre.
Bande-annonce de «Rictus»
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