Critique15. Februar 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Sans jamais nous connaître», comme un étranger dans sa propre vie
Pour son nouveau long métrage, Andrew Haigh embarque le public pour un tour de montagnes russes émotionnel. Remarquablement interprété et mis en scène, «Sans Jamais nous connaître» («All Of Us Strangers» en VO) est un must pour tout cinéphile.
(Un article de Gaby Tscharner, adapté de l'allemand)
Adam (Andrew Scott) mène une vie solitaire dans un triste appartement londonien. Un soir, son voisin Harry (Paul Mescal), passablement éméché, frappe à sa porte. Si le premier contact est abruptement interrompu, les deux hommes finissent par entamer une relation amoureuse passionnée. Mais, poursuivit par les souvenirs tragiques de son passé, Adam ne peut avancer. Régulièrement, il retourne dans la maison de son enfance où ses parents (Claire Foy et Jamie Bell) vivent toujours.
Découvert du grand public grâce à des œuvres comme «Week-end» en 2011, une fabuleuse et poignante romance queer, et «45 ans» en 2015, qui valu une nomination aux Oscars à Charlotte Rampling, Andrew Haigh s’y connaît en construction scénaristique. Et pour son nouveau long métrage, il présente une nouvelle histoire déchirante aux faux airs de pièces de théâtre.
Habilement, le cinéaste brouille les pistes de la narration pour dévoiler petit à petit les raisons des troubles qui habitent le personnage d’Adam. Rapidement, le récit plonge dans un océan de sentiments intenses en abordant les thématiques de la perte, la solitude ou le traumatisme. Le public, cloué à son siège devant le naturel des dialogues, à bien du mal à retenir ses larmes.
Support adapté, l’image éblouit par sa beauté quasi-permanente. Jeux de lumière, de reflets, cadrages, Andrew Haigh, aidé par Jamie Ramsay à la photographie, s’aide de plans esthétiques et savamment construits pour insuffler à son œuvre une mélancolie toujours plus intense.
Avec des films comme «Le Livre de Catherine» ou la version BBC de «Hamlet», Andrew Scott offre depuis des années de magnifiques performances. Surtout, le grand public le connaît comme le "Hot Priest" de la géniale série télévisée «Fleabag» de Phoebe Waller-Bridge. Paul Mescal, Claire Foy et Jamie Bell l’accompagnent splendidement tout le long de ce périple émotionnel et psychologique.
«Sans jamais nous connaître» n’a pas la prétention de trouver des solutions aux problèmes de son protagoniste. Ainsi, la douleur de la perte d’un être cher n’est en rien une phase, ni un sentiment volatil qui disparaît avec le temps, bien au contraire. Pourtant, un espoir apparaît, celui de finalement réussir à vivre avec la présence permanente d’un manque. Un message poignant, à la hauteur du film, qui suit le public bien longtemps après la sortie de salle.
4,5/5 ★
Au cinéma depuis le 14 février.
Plus d'informations sur «Sans jamais nous connaître»
Bande-annonce de «Sans jamais nous connaître»
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