Critique4. März 2024 Maxime Maynard
Critique de «The Regime», Kate Winslet, dictatrice hypothétique pour satire bien réelle
Dans la nouvelle minisérie HBO «The Regime», l’actrice britannique Kate Winslet se transforme en cheffe d’État d’un gouvernement autoritaire. Une performance marquante qui ne suffit pas à rehausser une œuvre trop polie.
Voilà déjà sept ans que la chancelière Elena Vernham (Kate Winslet) a accédé au pouvoir de son petit pays d’Europe centrale pour y imposer un régime autoritaire. Hypocondriaque, elle fait appelle à Herbert Zubak (Matthias Schoenaerts), un soldat déchu, pour mesurer en permanence à l’aide d’une machine l’humidité qui l’entoure. Peu à peu, ce dernier devient son confident le plus proche et son supporter le plus passionné. Mais, autour d’eux, la structure du gouvernement en place s’effrite doucement.
La nouvelle création du scénariste et producteur Will Tracy est enfin là. Reconnu pour l’horrifique festin gastronomique «Le Menu» ou encore l’épopée télévisuelle à succès «Succession», l’auteur manie, une nouvelle fois, sa plume experte afin de brouiller les frontières du genre. Sa dernière minisérie, «The Regime», flirte entre récit dramatique et satire politique pure et dure. Le résultat, intriguant, est particulièrement déstabilisant. Et le public, pourtant en passe d’être convaincu, finit trop souvent par ne pas savoir sur quel pied danser.
Choix ingénieux, il laisse Kate Winslet se glisser dans le rôle de la chancelière Elena Vernham. De projet en projet, l’actrice dévoile régulièrement une extraordinaire intensité dramatique. Ici, elle bouscule ses habitudes et injecte à sa performance un humour savamment dosé et délicieusement interprété. Certains choix de jeu, quelque peu encombrants - un léger zozotement et une bouche perpétuellement tordue -, peuvent finir par irriter, mais la comédienne rayonne de charisme et rend la chancelière Elena Vernham tour à tour, et avec une facilité déstabilisante, ridicule et terrifiante.
À ses côtés, une talentueuse distribution l’accompagne. Le Belge Matthias Schoenaerts s’impose à l’écran dans son rôle de militaire endoctriné et Andrea Riseborough est, une nouvelle fois, admirable dans la peau d’Agnes, gérante du palais. De son côté, le Français Guillaume Gallienne offre une légèreté de jeu parfaitement adéquate pour son personnage. Pour réaliser ces six épisodes d’environ cinquante minutes chacun, Stephen Frears, nommé aux Oscars pour «The Queen» (2007) et «Les Arnaqueurs» (1991), et Jessica Hobbs, derrière la direction de plusieurs épisodes de «The Crown», se partagent les tâches.
Dès les premières secondes, les jeux de plans s’enchaînent et donnent le rythme. Caméra penchée, gros plan, zoom, l’ambiance oppressante propre à la politique totalitaire de la chancelière envahit l’écran. Spectatrices et spectateurs se retrouvent transportés dans les superbes décors du palais de Schönbrunn, en Autriche. Les couleurs, éclatantes, s’illuminent au son d’une bande originale entraînante et sarcastiquement joviale. Le contraste avec le système en perte n’en est que plus fort et le ridicule du pouvoir en place que plus frappant. Mais malgré un joli enrobage particulièrement réfléchit, «The Regime», empêtré dans un mélange de genre confus, fatigue rapidement.
3/5 ★
Depuis le 4 mars sur Sky Show.
Bande-annonce «The Regime»
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