Critique31. März 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Une Vie», film moyen pour homme (extra)ordinaire
L’histoire vraie de Nicholas Winton, un Monsieur-tout-le-monde qui, par ses efforts, combinés à ceux de ses collègues restés en Tchécoslovaquie, parvint à faire venir 669 enfants, juifs pour la plupart, en Angleterre avant l’invasion hitlérienne.
(Une critique d'Eleo Billet)
Modeste courtier, Nicholas Winton (Johnny Flynn) découvre lors d’un voyage à Prague les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les réfugiés menacés par l’avancée d’Hitler. Avant même que la guerre n’éclate, Nicholas décide de s’engager depuis l’Angleterre avec sa mère (Helena Bonham Carter) et d’autres humanistes pour rapatrier les enfants les plus vulnérables dans des familles d’accueil. Cinquante ans plus tard, seul Winton (Anthony Hopkins) conserve encore cette mémoire. Il décide alors de la rendre publique.
Comment aurait-on pu aider davantage d’enfants ? Comment vivre après ne pas avoir pu tous les sauver ? Ces questions hantent Nicholas Winton depuis plus de cinq décennies lorsqu’il se penche sur des photos en noir et blanc d’enfants de son passé. Mais lorsque son épouse (Lena Olin) l’enjoint à ranger ses vieilles affaires, Winton décide de partager son histoire, pour que cette opération, le Kindertransport, ne tombe pas dans l’oubli.
Réalisateur pour la télévision britannique,James Hawes retrouve Helena Bonham Carter pour son premier long-métrage de cinéma. La reconstitution historique, Prague et Londres de 1938, Angleterre de 1988, est plutôt réussie sans pour autant totalement convaincre. La faute au script de Lucinda Coxon et Nick Drake, qui enchaine les événements mélodramatiques, voire tragiques, sans jamais parvenir à élever l’émotion jusqu’au poignant. On assiste, en effet, à une accumulation de scènes tire larmes, alourdies encore par la mise en scène. Elle est d’un tel conformisme, jusqu’à la platitude, qu’il est ainsi difficile d’être emporté par l’histoire. Même les questions de moralité, de religion sont très vite balayées pour ne faire exister qu’une vague culpabilité chez le personnage de Winton.
Sans surprise, Anthony Hopkins s’empare du rôle du vieux Winton avec assurance et les scènes finales, dans le studio de télévision, mêlent habilement le touchant au grotesque de l’émission. En revanche, ni la musique, ni les performances du reste de la distribution ne restent à l’esprit, une fois le film achevé. Finalement, les photographies, qui ponctuent «Une Vie» jusqu’au générique, sont le moteur et l’unique intérêt de ce biopic bien sage. Un récit aussi fort aurait mérité un film à la hauteur.
2,5/5 ★
Au cinéma depuis le 27 mars en Suisse romande.
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Bande-annonce de «Une Vie»
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