Critique17. Januar 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Ciao-Ciao Bourbine», une comédie qui n'a pas sa langue dans sa poche
L’orgueil des Suisses romands en a rêvé, le Zurichois Peter Luisi l’a exaucé. La comédie évènement «Ciao-Ciao Bourbine» débarque au cinéma et l'heure est au français !
(Un texte de Fanny Agostino)
Walter Egli (Beat Schlatter) est un policier accompli. Au moment de déplier son bulletin de vote, il ne prend que quelques secondes avant d’inscrire le « JA » qui officialiserait le Suisse allemand comme unique langue nationale. Alors, lorsqu’il apprend le lendemain que la votation a été boudée du côté de sa frontière du Röstigraben, c’est la douche froide. À la grande surprise, c’est le français qui l’a emporté. Toutes les structures financées par l’état devront impérativement communiquer dans la langue de Molière d’ici deux mois. Au commissariat, un Suisse romand nommé Jonas (Vincent Kucholl) remplace l’ancien collègue de Walter, inapte à cette transition linguistique. Tous deux se voient confier une mission, celle de débusquer un réseau de résistants situé au Tessin, prêt à tout pour défendre le plurilinguisme helvétique.
D’abord projetée dans les salles alémaniques, la fable de Peter Luisi a le mérite de pointer les bizarreries de l’identité suisse. Comment une population peut-elle créer un sentiment d’appartenance à son pays, alors que quatre langues y sont parlées ? À l’écran, le quotidien permet de décrypter cette originalité. Walter et ses collègues se moquent et rabaissent les francophones, dans le débat politique qui précède la votation, les discussions évacuent de facto la possibilité d’une Suisse italophone, le Tessin étant relégué à sa « petite importance »... Jouissif aussi, la première partie du film excelle dans les situations cocasses, où le « Et si… » se réalise : l’Allemagne doit faire face à la migration de masse de Schweizerdeutsch sur son territoire et le Tessin, bastion de la résistance à la Fidel Castro, déclare son indépendance et barricade ses frontières.
Bien que cette fiction inspirée ne soit pas sans défauts, notamment quelques longueurs pendant la traque des « guerillos » tessinois ainsi que l’utilisation excessive d’une bande sonore trop proche d’un folklore d’outre-Sarine, «Bon Schurr Ticino» (titre original, remanié pour l’ego des francophones ?) exprime la pluralité d’une Suisse où il n'est pas toujours simple de communiquer, mais où l’on finit tout de même par se comprendre.
3,5/5 ★
Au cinéma le 17 janvier
Plus d'informations sur «Ciao-Ciao Bourbine»
Bande-annonce de «Ciao-Ciao Bourbine»
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