Critique23. November 2023 Cineman Redaktion
Critique de «Napoléon», une ambition destructrice
Le réalisateur américain Ridley Scott se lance dans une grande épopée sur l’Histoire de France. Saturé d’informations jusqu’à l’écœurement, le long métrage peine à être sauvé par la performance de Joaquin Phoenix et la force de ses scènes de combats.
(Un texte de Maria Engler, traduit de l'allemand)
1793, suite à la Révolution française et à l’exécution des membres de la monarchie, le pouvoir reste vacant. Victorieux de plusieurs batailles, le général Napoléon Bonaparte (Joaquin Phoenix) commence à gravir doucement les échelons sociaux. Son épouse Joséphine (Vanessa Kirby) à ses côtés, il finit par être couronné empereur. Mais, doucement, sa vie privée et son règne commencent à se retrouver en difficulté.
Dans le costume de Napoléon Bonaparte, Joaquin Phoenix se retrouve au cœur d’une épopée historique. Déjà apparu en souverain sans scrupules devant la caméra de Ridley Scott en 2000 avec «Gladiator», l’acteur oscarisé assume avec brio le poids du long métrage. S’il ne parvient pas totalement à disparaître derrière son personnage, il n’en livre pas moins une performance impressionnante.
Mais «Napoléon» ne réussit pas à captiver durant la totalité de ses 2 h 30. Trop peu focalisé, le film développe son récit en toute hâte. Ceux pour lesquels l’Histoire de France ne serait plus qu’un lointain souvenir d’écolier se retrouveront rapidement déroutés. Les intrigues politiques, les batailles, les crises sociales et les tourments amoureux : les thématiques sont nombreuses et peu creusées. Et le public en difficulté abdique toutes tentatives de connexion émotionnelle.
Si la relation amoureuse bancale entre l’empereur et sa femme est un peu plus approfondie, le personnage de Joséphine peine à se faire une place à l’écran. Pour cause : une personnalité sommaire ajoutée à un manque de dialogues. Plus d’une fois, elle reste sans voix face aux tirades exubérantes de son époux. Si l’actrice Vanessa Kirby se donne corps et âme, son talent n’en reste pas moins gâché.
Il est vrai que «Napoléon» convainc par ses visuels et ses impressionnantes scènes de combats. Malheureusement, six batailles plus tard, la lassitude gagne. Et lorsque après 2 h 30 de spectacle guerrier, un petit texte informe du grand nombre de victimes des campagnes napoléoniennes, une certaine irritation se ressent. En effet, la mise en scène épique et esthétisante des instants de batailles contredit ce message sur l’absurdité de la guerre.
Au final, «Napoléon» n’en reste pas moins un film parfait pour les fans du genre. Si la véracité des faits est parfois à prendre avec des pincettes, peut-être que le long métrage trouvera quand même, d'ici à quelques années, le chemin des salles de classe. Et ceux qui ne trouveraient pas le film assez chargé peuvent se réjouir : Ridley Scott a déjà annoncé une version director’s cut de 4 h 30. Espérons que Joséphine aura enfin le droit d’ouvrir la bouche.
2,5/5 ★
Depuis le 22 novembre au cinéma.
Plus d'informations sur «Napoléon».
Bande-annonce de «Napoléon»
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