Critique14. Februar 2024 Cineman Redaktion
Critique de «The Iron Claw», malédiction familiale de la masculinité toxique
Les années 80, du catch, des coupes de cheveux à coucher dehors et des corps taillés au burin, ce qui ressemble à une accumulation de clichés surannés, sert au réalisateur Sean Durkin dans «The Iron Claw». Au programme, un drame familial émouvant et une réflexion profonde sur le mythe de la masculinité.
(Un texte de Maria Engler, traduit de l'allemand)
Sa signature, c’est l'Iron Claw, une poigne de fer griffée sur le visage de ses adversaires. Mais en dépit de son caractère de battant, le rêve du catcheur Fritz Chris (Holt McCallany) de devenir champion du monde ne se concrétisera jamais. Des années plus tard, il entraîne sans relâche ses quatre fils, Kevin (Zac Efron), David (Harris Dickinson), Mike (Stanley Simons) et Kerry (Jeremy Allen White), dans le but de perpétuer son héritage, et ce, à n’importe quel prix.
Être le plus puissant, le plus vaillant, bref le meilleur, telle fut la philosophie de vie de Fritz, chef de la fratrie Von Erich interprété ici par Holt McCallany. Plongé dans l'univers des permanentes et du catch des années 80, «The Iron Claw» raconte en effet l'histoire de cette meute entièrement dévouée à son patriarche et à ses idéaux toxiques de virilité. Ici, les émotions se dissimulent derrière des montagnes de muscles hyper masculins. Seules comptent la force et la performance, une exigence qui brise les fils Von Erich.
Dans l'œil du cyclone, Kevin Von Erich (Zac Efron), aîné de la famille qui doit suivre les préceptes du père tout en étant un exemple pour le reste de l’escouade. Si les efforts insatiables des fils, leur surcharge psychique et physique et le manque d'amour du père tout-puissant sont parfois difficiles à encaisser, l’ensemble profite de la performance incroyable de l’acteur américain. Malgré son corps gonflé à bloc, Zac Efron parvient en effet à transmettre des sentiments débordants, de l'empathie et un sens de la cohésion familiale.
De quoi permettre au public de se laisser porter par cette œuvre étonnante. Le réalisateur Sean Durkin et sa distribution font également preuve d’intelligence et de sensibilité dans le traitement du véritable contexte historique. En témoigne, par exemple, l’absence du plus jeune frère, Chris, qui aurait, selon les dires du cinéaste lui-même, trop étiré et alourdi le récit du clan Von Erich sur grand écran. Il est en outre passionnant de constater que tous les matchs de catch ont été tournés intégralement et sans interruption devant un public en direct et interprétés par les acteurs eux-mêmes. Un dévouement à fleur de peau et un réalisme magnétique, une énergie transpire de «The Iron Claw» et apporte une surprenante intensité dramatique même dans les scènes sportives du film.
Sans aucune nostalgie cosmétique, Sean Durkin, qui avait déjà potassé le sujet des feuilletons familiaux dans les années 80 avec son dernier film «The Nest» (2020), témoigne d’un véritable sens de l’émotion et place son intrigue dans une version crédible d’une époque maintes fois fantasmées. Lui-même fan de catch, Dirkin confie d’ailleurs avoir jadis suivi les matchs des poulains Von Erich en direct à la télévision. La madeleine de l’enfance devient alors ce récit extrêmement touchant, poétique dans le déroulé de cette histoire tragique et visuellement impressionnant, bien que certaines coiffures mériteraient sans doute un petit coup de peigne.
4,5/5 ★
Au cinéma le 14 février.
Plus d'informations sur «The Iron Claw»
Bande-annonce de «The Iron Claw»
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