Critique26. Juni 2024

Critique de «Le Comte de Monte-Cristo», les larmes du crime

Critique de «Le Comte de Monte-Cristo», les larmes du crime
© 2024 Pathé Films AG

Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte concluent la trilogie Dumas. Des prisons de la cité phocéennes au faste des salons parisiens, Pierre Niney incarne un convaincant Edmond Dantès. Zoom sur «Le comte de Monte-Cristo».

En 1815, alors que le royalisme gronde en France et que Napoléon est exilé sur l'île d'Elbe, Edmond Dantès (Pierre Niney), hardi marin de 19 ans, est alors nommé capitaine du navire Le Pharaon. Bel avenir à l’horizon, un mariage se présage avec Mercédès Herrera de Morcerf (Anaïs Demoustier). Or devant l’autel, il est arrêté, coupable, dit-on, d’être un agent napoléonien. S’ensuivent 14 années d’emprisonnement dans une geôle du château d’If. Il y rencontre l’abbé Faria (Pierfrancesco Favino), un mystérieux compagnon de captivité, qui prépare son évasion, et lui indique la position du trésor des Spada. Des années plus tard, Dantès s’est évadé, et prépare une vengeance méthodique sous les traits du Comte de Monte-Cristo.

Succédant notamment à Jean Marais (1954) ou encore Louis Jourdan (1961), au tour de la coqueluche Pierre Niney d’incarner le personnage d’Edmond Dantès. «On est toujours pressé d'être heureux» présage Alexandre Dumas dans les pages de son illustre roman. Une pensée de mauvaise augure pour celui que la jalousie et les bassesses politiques du début du règne de Louis XVIII écrouèrent dans l’antre du château d’If.

Patrick Mille, Laurent Lafitte et Bastien Bouillon dans «Le comte de Monte-Cristo» © Pathé Films AG

Il fut pressé d’être heureux et le fut plus encore de prendre sa revanche. Défroqué par le capitaine Dangars (Patrick Mille), envoyé au bagne par le procureur du Roi Gérard de Villefort (Laurent Lafitte, impressionnant), et trahit par Fernand de Morcef (Bastien Bouillon), si le comte de Monte-Cristo fascine encore, c'est peut-être parce qu'il incarne la figure romantique (et vengeresse) du moucheron qui fit sombrer les lions ultraroyalistes de la Seconde Restauration.

D’aucun.es le pensaient mort et sa résurrection, aussi surréaliste soit-elle (le bougre a survécu 14 ans en ingurgitant du muesli de flocon d’avoine), se substitue même à l’autorité divine. Entre Sinbad le marin et Lord Ruthven, Monte-Cristo navigue entre les mers et les genres. Presque vampirique, Pierre Niney réincarne ce personnage maintes fois fantasmé avec une énergie solaire et singulière. Privé de mariage et d’amour, un peu Batman, Vidock, et Guy Fawkes, bref, une sève gorgée de vendetta lui coule dans les veines.

Pierre Niney dans «Le comte de Monte-Cristo» © Pathé Films AG

Du haut de ses 43 millions d’euros, «Le Comte de Monte-Cristo» accompli un travail visuel qui se délecte comme une madeleine de CinemaScope. À la hauteur du mythe? Sans doute, mais surtout à la hauteur des moyens financiers. Une intrigue sanglée comme un gigot, et rafraichie par la fine fleur du cinéma hexagonal, le roman-feuilleton de Dumas n’a pourtant pas perdu de son éclat politique et ancre l’histoire d’Edmond Dantès dans une actualité toujours brûlante.

À la manière de Denis Villeneuve avec «Dune», Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte rapprochent les frontières entre le divertissement populaire et le cinéma de genre. Ambitions hollywoodiennes made in france, ça sent le «cocorico» à plein nez pour narguer les amerloques. Sous la bannière Pathé et Chapitre 2 (Mediawan depuis 2018), si les enjeux stratégiques déployés ici vont bien au-delà des vertus romanesque de l’œuvre, il n’en reste pas moins un honorable long métrage.

4/5 ★

Au cinéma le 28 juin.

Plus d'informations sur «Le comte de Monte-Cristo»

Bande-annonce de «Le comte de Monte-Cristo»

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