Critique4. April 2023 Theo Metais
Critique de «Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan», un film de cape et d’épée à la française réussi
Blockbuster grandiloquent de cape et d’épée à la française, Martin Bourboulon surprend avec le premier volet de sa trilogie adaptée d’Alexandre Dumas. Découvrez notre critique de «Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan».
En 1627, dans le Royaume de France, la rébellion s’embrase entre les catholiques et les huguenots. Dans ce contexte brûlant, un certain D'Artagnan (François Civil), jeune gascon intrépide, tente de rejoindre les rangs des Mousquetaires de Paris. Du Louvre, à Buckingham, en passant par La Rochelle et les bas-fonds de la capitale, le monde du Roi Louis XIII (Louis Garrel) et de la Reine (Vicky Krieps) est en proie à bien des bouleversements. Bientôt, le destin de D'Artagnan se retrouve mêlé à la Grande Histoire de France et à celui des Mousquetaires Athos (Vincent Cassel), Porthos (Pio Marmaï), et Aramis (Romain Duris).
Certainement l’un des films français les plus attendus de 2023, le chapitre d’introduction de la trilogie de Martin Bourboulon se dévoile enfin. Immense classique auquel le réalisateur s’attaque ici, indubitablement l’une des œuvres les plus populaires du patrimoine littéraire hexagonal ; le réalisateur, épaulé par la célèbre maison Pathé, entendait bien redynamiser le cinéma français avec cette œuvre maintes fois adaptée à travers le globe. Un pari borgne et effronté, pensions-nous. D’autant qu’après l’échec cuisant d’«Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu», les super-productions made in cocorico se parent souvent d’un ennui prodigieux. Et voilà qui dérogerait à la règle, Martin Bourboulon semble avoir visé juste, du moins du côté du divertissement.
Une chose est certaine, l’escarmouche proposée par «Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan» fonctionne. Ce blockbuster rutilant consacré au louveteau de Gascogne révèle une mise en scène conventionnelle mais léchée, une cinématographie endiablée façon «Tyler Rake», et des partitions anachroniques lorsque résonnent les synthétiseurs de Guillaume Roussel. L’œuvre originelle s’est assurément sifflée toute l’eau du bain de jouvence. Dès lors, Athos, Aramis, Porthos et D'Artagnan quartent, feintent et coupent le ventre plein d’eau. Une jambe de bois à la main et un fleuret au pied, croyez-le ou non, mais l’aplomb de nos mousquetaires défie toute logique.
Et la littérature de Dumas rencontre des interprètes inégaux. Au milieu du scénario de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, certains personnages, sous écrits, mais de bon aloi, pataugent, dépassés, sans doute, par la hauteur du texte. Or la magie des retrouvailles avec les mots de l’auteur subsiste pourtant. Une prouesse inattendue qui tient à Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Romain Duris, François Civil, par à-coups, et même les mimiques de Louis Garrel dans la peau de Louis le Juste, dont les interprétations apportent une fraicheur anticléricale bienvenue.
Si l’œuvre originale se dérobe, c’est un fait, elle reste historiquement passionnante et contemporaine. De quoi naviguer sans crainte dans les eaux tumultueuses de ce film qui eut mille fois l’occasion de sombrer. Aux portes d’une guerre contre les Anglais, D'Artagnan vole au secours des ferrets de la Reine et de ce premier volet. L’interprétation artificielle d’Eva Green dans la peau de l’antagoniste nous laisse néanmoins pantois quant au chapitre, prévu en décembre prochain, qui semble lui être consacré.
3,5/5 ★
Au cinéma le 5 avril.
Plus d'informations sur «Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan»
Bande-annonce de «Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan»
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