Critique3. Januar 2023 Theo Metais
«M3GAN» : Slasher efficace où Chucky rencontre la Silicon Valley
Le cinéaste Gerard Johnstone signe une fable horrifique et high-tech alors qu’une jeune fille se lie d’amitié avec une étrange animatronique.
Alors qu’elle vient de perdre ses parents dans un tragique accident de voiture, la jeune Cady (Amie Donald), 8 ans, part vivre chez sa tante Gemma (Allison Williams). L’une et l’autre sont déboussolées et aucunement prêtes à cohabiter ; Gemma, qui travaille comme roboticienne dans une fabrique de jouets high-tech, décide alors de terminer le prototype de sa cyberpoupée et programme son intelligence artificielle pour qu’elle devienne la compagne idéale de sa nièce. Bientôt la magie opère, aux côtés de M3GAN, Cady retrouve goût à la vie, Gemma est délestée de la charge éducative, et face aux impressionnants progrès, son entreprise est prête à financier une production à grande échelle…
Soulager les victimes de stress post-traumatique est une ambition qui avait conduit le chercheur Alain Brunet à développer une «pilule de l’oubli», puis au développement en 2004 de la clinique spécialisée dans l'effacement des souvenirs pour le film «Eternal Sunshine of the Spotless Mind». «M3GAN» se fait le récit d’un projet similaire alors que cette étrange animatronique aurait la clé du bonheur de la jeune Cady. Une poupée pour ne plus faire face au deuil, pour se dérober à ses obligations parentales et refaire la gloire d’une entreprise de jouets du nom de FUNKI ; à bien des égards, «M3GAN» pourra être vue comme une envoyée du ciel et pose d’innombrables questions éthiques.
Croisement entre Chucky, une sœur Olsen et les peintures de «Big Eyes» (2014), cette poupée humanoïde est aussi diabolique que ses charmes sont illusoires. Fidèle à la désormais célèbre maison Blumhouse, le cinéaste Gerard Johnstone profite d’un concept percutant et livre une parabole efficace sur l’empire de la high-tech. Si «M3GAN» n’a effectivement rien d’un chef-d'œuvre, le film injecte néanmoins une belle énergie geek et horrifique dans les moindres recoins de son 1 h 40. Ni ronflant ni moralisateur, porté par une Allison Williams investie et les compositions d’Anthony Willis («Promising Young Woman»), l’histoire de cette poupée qui se lève contre son docteur Jekyll aura de quoi séduire. Et alors qu’elle s’émancipe à coups de sabre et que le sort la rattrape, c’est finalement son échappée qui importe. Un slasher pop et survitaminé pour satisfaire son envie d’hémoglobine fraîche en ce début 2023.
3,5/5 ★
Plus d'informations sur «M3GAN»
Le 4 janvier au cinéma.
Bande-annonce
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