François Ozon adapte librement l’œuvre de Rainer Werner Fassbinder, et Denis Ménochet s’y révèle magistrale.
C’est une histoire singulière écrite par Rainer Werner Fassbinder en 1972. «Les Larmes amères de Petra von Kant», une pièce puis un film dans lequel le cinéaste adapte son propre théâtre. Un film devenu culte, repris cette année en ouverture du festival de Berlin par François Ozon. Petra devient Peter, et Denis Ménochet incarne ce cinéaste allemand à l’orée d’une histoire d’amour cyclopéenne. Lui qui s’éprend de ce jeune Amir, 23 ans. C’est sa muse, Isabelle Adjani, figure de l’un de ses premiers films, qui lui présente. Il lui promet d’être une star, et de conquérir le monde. «Amir, amour» lui chuchote-t-il. La formule chante, c’est vrai, et Peter d’y perdre la tête. Une adaptation qui vous cueille, servie sur une pellicule contemporaine du drame qui nous est conté. Bestial, sensible et monstrueusement talentueux, Denis Ménochet nous dévoile certainement l’une de ses plus belles partitions.
L’histoire d’un homme qui en aimait un autre, dans le huis-clos de cet appartement de Cologne, car dehors rien ne serait permis. Et ce jeune Karl, son homme à tout faire, témoin de tout et qui jamais ne dit mot. Dans ce théâtre bourgeois renfermé, difficile de distinguer l’homme du cinéaste, l’amant de l’acteur. François Ozon filme les corps et les valses du cœur avec une grâce étonnante. À 78 ans, Hanna Schygulla, figure du film original de Fassbinder, nous offre une apparition angélique dans le rôle de la mère du cinéaste. Un travail fabuleux sur la lumière et les couleurs accompagne la descente de Peter dans les affres du désespoir. De ses amours christiques au Gin dont il s’abreuve comme on boit à la fontaine de Jouvence ; elles sont nombreuses les larmes amères de Peter, à couler sur son visage, comme mille trainées d’amour.
4/5 ★
Le 13 juillet au cinéma
Bande-annonce
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