Critique8. Mai 2024 Emma Raposo
Critique de «Samuel» sur Arte.tv, une série animée sur les premiers émois de l’adolescence
L’autrice, réalisatrice et interprète Emilie Tronche nous emmène dans le monde de Samuel, 10 ans, qui, au fil des pages de son journal intime, nous raconte ses émotions de garçon à l’aube de l’adolescence. Une série animée de 21 épisodes à découvrir sur Arte.
Samuel est en CM2. Bientôt, il entrera au collège. Mais en attendant, il doit composer avec des camarades de classe pas tous à son goût, surtout Dimitri qui se la pète et Bérénice, celle qui n’a pas d’amis. Il y a aussi les vrais copains comme Corentin. Et il y a la grande Julie. Samuel l’aime en secret depuis qu’elle s’est assise à côté de lui dans le bus. Mais il n’est pas le seul à être amoureux de Julie. Samuel écrit tout ça et plus encore dans son journal, ce qui le tracasse, le met en colère ou lui donne des ailes.
Le trait est noir et minimaliste, sans fioritures. La créatrice, Emilie Tronche, tout juste diplômée de l’École des Métiers du Cinéma d’Animation d’Angoulême lorsqu’elle imagine Samuel, a crayonné ce personnage comme on écrit dans son journal. Et si les personnages semblent dessinés à la va-vite, presque raturés, on s’y attache rapidement, tant les coups de crayons parviennent à capter les expressions.
C’est que la série animée, en partie basée sur des éléments autobiographiques de la jeune réalisatrice, raconte avec beaucoup de justesse ce que c’est d’avoir 10 ans dans les années 2000. Chacun et chacune se retrouvera un peu dans les personnages de Samuel, Dimitri ou Bérénice. Il y a la fille trop bizarre, le garçon cool qui court toujours plus vite que les autres dans la cour de récré, la fille populaire dont tout le monde est amoureux, il y a les regards furtifs, les gestes maladroits, les peines de cœur synonymes de fin du monde, les après-midis à regarder des clips à la télé ou traîner dehors.
Et la poésie de «Samuel» ne réside pas seulement dans les dessins minimalistes contrastant avec les films d’animations saturés d’effets, mais aussi dans les voix, les musiques et les danses jalonnant les 21 épisodes. Emilie Tronche prête sa voix à tous les personnages, fait danser ces derniers sur des sons des années 2000. Alors, avec beaucoup de nostalgie pour ceux qui étaient ados au début de ce siècle, les personnages prennent vie différemment. Ils se déambulent, créant un côté tantôt comique, tantôt attendrissant tout en conservant la maladresse de l’enfance.
Le tour de force est réussi. On se prend au jeu. À la fin de chaque épisode, on veut connaître la suite. Avec pour fil rouge l’amour de Samuel pour Julie, l’histoire capture des émotions et des moments propres à une période, l’essence d’une étape si importante de la vie que tout le monde a vécue avec plus ou moins de doutes, de joies et de peines. Sensible et touchant.
«Samuel» est à découvrir sur arte.tv
4,5/5★
Bande-annonce de «Samuel»
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