Critique1. November 2023 Theo Metais
Critique de «Polar Park» sur Arte, un écrivain détective à la croisée des meilleurs polars
Le cinéaste Gérald Hustache-Mathieu s’empare une nouvelle fois des codes du polar et dévoile «Polar Park», une série givrée qui sent bon les pins de «Twin Peaks» et la neige de «Fargo».
Romancier réputé, mais en mal d’inspiration, David Rousseau (Jean-Paul Rouve) débarque à Mouthe, un village montagneux de France. La raison? Sa mère aurait confié un secret à un moine avant de disparaître. L’écrivain entend bien le rencontrer, mais une étrange série de meurtres survient dans le patelin. Les évènements seraient-ils liés? Qui sait… Toujours est-il que David y voit l’opportunité d’une intrigue pour son prochain roman. Bientôt, l’écrivain mène l’enquête en solo, aidé de son hyperacousie, empiétant, au passage, sur le travail de la police.
Si le pitch vous parait familier, c’est sans doute parce que le réalisateur français Gérald Hustache-Mathieu s’est librement inspiré de son film «Poupoupidou». L’occasion de retrouver des visages, notamment Jean-Paul Rouve qui prête une nouvelle fois ses talents au personnage de David Rousseau ou encore Guillaume Gouix sous la chapka de l’adjudant Louveteau. Dévoilée en Compétition Française au dernier Festival Séries Mania de Lille, «Polar Park» était depuis attendue de pied ferme.
Plus de dix ans après la sortie de son long métrage, Gérald Hustache-Mathieu parachève son ambition sérielle. «Cette histoire a toujours été une série, même avant d’être un film. Sauf qu’à l’époque, on ne faisait pas vraiment de séries en France…» confie-t-il au journal Le Monde. Ainsi, l’histoire de David Rousseau se déploie sur six épisodes d’environs 50 minutes et permet d’assoir l’univers pour le moins éclectique de «Polar Park».
Nous voilà donc à Mouthe, commune glaciale, hypnotique, la plus froide de France. Le record ? -36°C en 1968, rien que ça… Un décor jurassien magnétique que le réalisateur filme l’hiver et qui nous emporte au-delà des frontières hexagonales. Mouthe empreinte au Canada et à l’Europe de l’Est. Dès son ouverture calfeutrée dans le silence et immaculée de neige, le contrat est clair, ici David Lynch rencontre l’absurde des frères Coen, et bientôt, un drame monacal se présage et les secrets de familles se mettent à parler.
Une esthétique entre polaire et polar, portée par un savoureux travail de lumière, une photographie léchée et des cadrages aux airs de peinture, «Polar Park» est décidément très (très) cinégénique. Une aura visuelle que paraphe la beauté macabre et artistique des mises en scènes du tueur en séries. Fin connaisseur des beaux-arts, Gérald Hustache-Mathieu oppose ici bien des univers et octroie des proportions quasi ovniesques à son récit. Atout principal d’une série qui manquera parfois un peu d’énergie, mais qui marche allégrement dans les traces de ses pères et qui profite de la bonhomie contagieuse de sa distribution.
3,5/5 ★
À partir du 2 novembre sur Arte et depuis le 25 octobre sur arte.tv
Bande-annonce de «Polar Park»
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