Critique2. März 2022 Cineman Redaktion
Critique de «The Batman» : Une œuvre singulière et réussie
Déjà habitué des blockbusters, Matt Reeves devient avec brio le cinquième réalisateur à porter à l’écran sa vision du Chevalier Noir. Devant composer avec l’héritage de grands noms du cinéma américain et une mythologie maintes fois explorée, il a su s’entourer d’un casting prestigieux et de techniciens hors pair pour livrer une œuvre fascinante.
Critique de Eleo Billet
Nouveau représentant de la volonté de renouveau dans l’univers des blockbusters super-héroïques chez DC, si «The Batman» est une singularité et une réussite, c'est avant tout par sa forme. Que ce soient ses décors tentaculaires ou la palette grise et jaune pâle des intérieurs et le flamboiement des rouges et des bleus, l’atmosphère enveloppée par la musique de Michael Giacchino est enivrante. Concernant l’intrigue qui s’y déroule, elle joue avec les éléments bien connus du mythe, tout en empruntant à David Fincher et aux films néo-noirs, notamment «Seven», sa pluie et ses héros prêts à vriller.
Seulement, c’est dans son enquête simpliste qui tire en longueur et l’écriture de ses protagonistes que se logent peut-être les principales failles du film. Pourtant, Matt Reeves évite les archétypes du genre et parvient à offrir à chacun de ses personnages un arc narratif très émotionnel, qui privilégie l’exploration des fissures intérieures aux plans d’actions icônisants. D’autant que la plongée dans cette ville poisseuse, aux accents tant londoniens que new-yorkais, dépend surtout de la performance des têtes d’affiche, en particulier celle de Robert Pattinson. Ce dernier réussit à embrasser le cliché du brun ténébreux par son interprétation d’un Batman torturé, en proie à la remise en question de la peur qu’il inspire, alors qu’il ne peut plus détacher son identité de son costume : Bruce Wayne est devenu un masque.
Certes, son duo avec Zoë Kravitz manque d’alchimie, mais ces deux figures orphelines ne se sont jamais mieux unies que dans leurs griefs envers leurs pères et les maires. D’abord allégorie de l’Ombre, de Gotham même, le mammifère ailé s’éloigne finalement de la violence, pour devenir le porteur du flambeau, passant du combattant solitaire encore naïf à l’instigateur d’un véritable changement. Si cette transition rend le troisième acte plus convenu et sa symbolique parfois grossière, elle est nécessaire pour assembler les trop nombreuses pièces du puzzle, éparpillées après des heures d’allers-retours.
Du haut de ses presque 3 heures, entre la noirceur de ses partis pris visuels, l’actualité de ses thèmes, la critique de la politique étasunienne, des médias et de la radicalisation sur les réseaux sociaux, bien que l’État policier et les hôpitaux psychiatriques s’en sortent encore indemnes, le visionnage de «The Batman» ne laisse pas indemne. De plus, le film est l’un des rares du genre à proposer de nombreuses femmes qui ne soient pas cantonnées à des rôles de victimes, de séductrices, ou de simples faire-valoir. Entre une Catwoman ambiguë dont la caractérisation surpasse celle de Batman et la future mairesse Bella Reál (Jayme Lawson), rare figure inspirante, une chose est certaine, peu importe son succès public, il y aura un avant et un après «The Batman».
4/5 ★
Le 2 mars au cinéma
Plus d'informations sur «The Batman».
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