Critique16. Januar 2023 Theo Metais
Critique de «The Last Of Us» : Adaptation sensible et impressionnante avec Pedro Pascal
Chef-d'œuvre sur PlayStation, «The Last Of Us» débarque aujourd’hui sur Sky Show. Et l’adaptation avec Pedro Pascal pourrait bien être à la hauteur du jeu vidéo.
«The Last Of Us», une série prédestinée
Franchise à succès de la firme Sony PlayStation sortie en 2013, «The Last Of Us» raconte l’histoire de Joel, un homme dont la mission est de guider la jeune Ellie à travers une Amérique post-apocalyptique et ravagée par les «infectés», des individus transformés en zombies à la tête de chou. Cela aurait pu être un énième jeu de zombies ; or il y avait au cœur du jeu vidéo une véritable étude de personnage, laquelle explore la relation entre Joel et sa fille disparue, et ce lien familial et paternel qui le lie à Ellie dans ce décor de fin du monde.
Aussi, lorsque le créateur israélo-américain Neil Druckmann rejoint le projet, HBO a surtout l’ambition de proposer un solide scénario à une audience soucieuse des grandes mises en récit. D’ailleurs, avec ses multiples cinématiques et son générique sur les arpèges du compositeur Gustavo Santaolalla, le jeu avait déjà l’envergure pour la télévision. La série était pour ainsi dire prédestinée, fallait-il encore que le projet tombe entre de bonnes mains.
Il y eut en 2014 un projet de film annoncé par Screen Gem, une filiale de Sony. L’adaptation a finalement été avorté tant le format d’un film paraissait trop restreint. Néanmoins, Craig Mazin, créateur émérite de la série «Chernobyl» et fan inconditionnel du jeu vidéo, rencontre Neil Druckmann à l’occasion des phases préparatoires. Les deux hommes s’admirent mutuellement, et «The Last Of Us» est en passe de trouver sa vision et de conjurer, enfin, un long, et parfois pénible mariage entre la télévision, le cinéma et les jeux vidéos.
Pandémie d’hier et d’aujourd’hui
Le premier épisode, dévoilé ce 16 janvier sur Sky Show, démontre que la patience et la passion des deux créateurs ont porté leurs fruits. 20 ans après la première propagation infectieuse du Cordyceps chez les humains, Neil Druckmann et Craig Mazin transposent l’intrigue en 2023. Et la mise en garde de ce scientifique, en ouverture de la série, aura une résonance particulière dans une époque entachée par la crise de la Covid et alors que le réchauffement climatique s’accompagne de menaces virales et bactériologiques. Ainsi, «The Last Of Us» n’est plus tellement une spéculation scientifique, mais devient la fable irrépressible des polycrises (environnementales) à venir.
Dans cette vision de Boston où plus rien ne subsiste, et après le drame survenu le jour de son anniversaire 20 ans plus tôt, Pedro Pascal incarne un Joel en berne devenu trafiquant, dans un décor anachronique de grippe espagnole. Une montre cassée au poignet, muni d’un maigre foulard pour le visage, il entasse à la pelle les corps infectés avant de les réduire en cendre. Bientôt, il retrouve Tess - incarnée par Anna Torv au visage bouffi - elle aussi contrebandière, et ils croisent le chemin de la jeune Ellie sous les traits de Bella Ramsey («Games of Throne»). Elle est précieuse, paraît-il, il faut l’exfiltrer loin de la zone de quarantaine.
Mission accomplie
Prévue sur 9 épisodes hebdomadaires, la série s’annonce déjà sous les meilleurs auspices. Le premier épisode présage en effet d’une histoire savamment orchestrée et brillamment réalisée, et dès l’introduction, tout aussi bouleversante. À la fois respectueuse de l’intériorité de ses personnages, fidèle aux détails du matériel original, jusque dans les prises de vues, les accessoires et les costumes, «The Last Of Us» est à la fois un hommage et une création autonome. Il est vrai que les créateurs ont pris quelques libertés, mais il fallait bien changer le mode de narration et ajouter çà et là des éléments pour fluidifier l’histoire. Ici l’emphase et le ton ont été déplacés pour explorer finalement ce à quoi nous n’aurions pu prétendre une manette à la main.
Le voyage qui attend Bella Ramsey et Pedro Pascal est aussi intérieur et il n’est pas sans rappeler les grandes heures de «The Mandalorian». Une fable sur l’entraide dans des décors qui empruntent à «No Country for Old Men», «Je suis une légende» et «World War Z». Il se décante alors quelque chose de plus contemplatif et de spirituel autour de ce duo de fortune uni par l’envie de survivre à l’apocalypse. Il y avait là un pari intenable, et pourtant. «The Last Of Us» rappelle combien rien ne surpasse jamais un scénario pertinent et la magie d’une belle histoire. Un jugement, certes, suspendu, mais pour l’heure, c’est tout bonnement un succès.
4/5
«The Last Of Us» est à découvrir dès le 16 janvier sur Sky Show
Bande-annonce
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