Nicole Kidman campe une flic en proie au chagrin. Une opération qui a mal tourné. Depuis ce jour-là, tout va mal, tout part en lambeau. Réalisé par l’excellente Karyn Kusama, « Destroyer » se perd pourtant dans une confusion entre passé et présent.
Une détective du LAPD, Erin Bell (Nicole Kidman), court après une justice. Autrefois infiltrée dans un gang californien, sa petite escapade ne l’a pas épargnée. Un passé lourd à porter. Alors quand l’ancien chef de gang réapparaît dans les parages, sa rage se décuple par dix.
Derrière son visage grimé, Nicole Kidman, enlaidie comme jamais, délaisse sa beauté pour camper une femme alcoolique, une mère ratée, détruite par un deuil difficile à consommer. La souffrance se lit sur elle, le passé apparaît par bribes, le présent n’est plus vraiment important. Erin Bell court après un fantôme, chasse ses démons d’antan, pleure sa vie présente. Rongée, vidée, flagellée par la vie.
Une colère indélébile...
Si le film se construit de manière classique, les enjeux se perdent dans un lancinant jeu de pistes, étiré par de longs flashbacks freinant considérablement la puissance du récit. Même Nicole Kidman peine à pleinement camper en profondeur son personnage, écrasée sous l’épais maquillage. Kusama, auteure du brillant The Invitation (2015), prouve qu’elle sait y faire derrière la caméra, mais rate le coche au moment d’emmancher son film, de lui rendre cette noirceur baignée dans une colère indélébile. La pauvreté des quartiers de Los Angeles, dépouillée de toutes émotions - comme son personnage principal -, contraste avec les couleurs éclatantes voulues par Kusama à l’approche des villas de luxe de riches corrompus.
Une bulle d’alcool et de tabac froid, soufflée par d’innombrables retours dans le passé, avec ses conséquences. Destroyer est l’histoire d’une vie déchirée, l’anéantissement d’une existence. À trop jouer avec le feu, à vivre au plus près du banditisme, la moindre petite flamme vous brûle une vie entière. Au milieu de la déflagration, sa fille, une ado rebelle et spectatrice des tourments de sa génitrice, laisse transparaître une autre colère, celle d’avoir été délaissée par sa propre mère. Un film aux âmes délaissées, rongées par la violence.
En bref !
Nicole Kidman, spectrale, s’offre une performance aux différentes vitesses : à la fois bonnes et moins bonnes. Grâce à l’élégance technique de Karyn Kusama, Destroyer fait écho au thriller noir. Malgré ça, les incessants retours en arrière, ponctués de flashbacks, nous laissent parfois extérieurs. Une oeuvre inégale, parfois hasardeuse au moment de plonger tête la première dans la douleur. Destroyer n’est pas assez colérique.
2,5/5 ★
Plus d'informations sur Destroyer.
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement