5 choses à savoir sur «Pauvres Créatures» de Yórgos Lánthimos

Depuis son sacre à la dernière Mostra de Venise, le film du réalisateur grec Yórgos Lánthimos a enthousiasmé le monde du cinéma jusqu’à la récente cérémonie des Golden Globes. Avant de le découvrir en salles, étiez-vous au fait de ces quelques anecdotes ?

(Un article concocté par Damien Brodard)

1 - Petite balade entre auteurs

«Pauvres Créatures» est adapté du roman éponyme de l’auteur écossais Alasdair Gray par Lánthimos lui-même, secondé par le scénariste Tony McNamara. En grand admirateur du roman, le réalisateur grec tente de prendre contact avec Gray dès 2011. N’ayant alors vu aucun de ses films, le romancier était, comme face à toute proposition d’adaptation, très réticent à l’idée de donner son autorisation. Lánthimos se rendit donc à Glasgow pour rencontrer Gray et tous deux entamèrent une balade dans la capitale écossaise, faisant halte à chaque lieu clé de l’intrigue. À la fin de leur échange, Gray lui aurait déclaré : «Je pense que vous êtes un jeune homme talentueux et je serais heureux que vous vouliez réaliser ce film». Après la rencontre, il se procura le DVD de «Canine» (2009) et n’a visiblement jamais regretté son choix.

2 - Une performance progressive et libératrice pour Emma Stone

Assurant le rôle principal de Bella, une jeune femme se conduisant d’abord comme une enfant, Emma Stone a consacré plusieurs années à concevoir son personnage avec Yórgos Lanthimos. L’actrice américaine a finalement imaginé cinq étapes du comportement de Bella, chacune avec sa propre manière de parler ou de se mouvoir en fonction de son âge mental évoluant au fil du long-métrage. Ce fut donc une expérience grisante tout en permettant de laisser libre cours à sa créativité de comédienne, a-t-elle confié à Vanity Fair. De plus, l’interprétation d’un tel personnage, découvrant sa sexualité sans tabous, s’est avérée libératrice pour Stone, habituée au jugement du corps féminin dans l’industrie hollywoodienne.

3 - Un univers farfelu, mais bien réel

En plus d’avoir confessé à The Guardian qu’il déteste les tournages numériques, aujourd’hui majoritaires, Lánthimos désirait que le monde du film soit palpable, mais surtout qu’il donne l’impression d’être vu à travers les yeux de sa «jeune» protagoniste. C’est pourquoi le long-métrage fut tourné dans de grands studios à Budapest, avec d’imposants décors saugrenus ou encore des arrière-plans peints à la main (et tout de même quelques écrans LED), afin que la distribution puisse évoluer dans un univers concret. L’image a également bénéficié d’un soin tout particulier grâce à un type de pellicule spécifique offrant une très large palette de couleurs, l’Ektachrome, taillée en 35 mm spécialement pour les besoins du film.

4 - Un monstrueux docteur

Aux côtés d’Emma Stone, on retrouve entre autres Willem Dafoe sous les traits du Dr. Goldwin Baxter, un érudit aux expérimentations peu orthodoxes. Afin de défigurer son visage pour le rendre repoussant, Dafoe a dû se recouvrir d’une prothèse complexe qui, selon ses dires, lui aurait pris pas moins de six heures de maquillage avant chaque tournage. Toutefois, la maquilleuse Nadia Stacey indique plutôt une attente de trois heures : il faut dire que le temps doit en effet paraître long ! Bien décidé à incarner au mieux ce savant fou, Dafoe a même reçu quelques cours à la morgue de Budapest dans le but d’appliquer des gestes précis au moyen d’instruments d’époque et ainsi parfaire son jeu.

5 - Le roi du palmarès

En grand habitué des festivals, Yórgos Lánthimos s’avère être un champion toute catégorie en ce qui concerne les récompenses. Chacun de ses longs-métrages depuis 2009 a en effet s’y est en effet vu décerner une distinction. À Cannes, il est d’abord honoré du prix Un certain regard pour «Canine» (2009), puis gravit les échelons de la compétition avec un prix du jury pour «The Lobster» (2015) et un prix du scénario pour «Mise à mort du cerf sacré» (2017). Du côté de Venise, Lánthimos est salué d’un prix du scénario pour «Alps» (2011), avant de marquer les esprits avec «La Favorite» (2019), lauréat du Grand prix et du prix d’interprétation féminine pour Olivia Colman. «Pauvres Créatures» (2023) reçoit quant à lui le Lion d’Or de la Mostra, ultime consécration d’un parcours sans fautes. On lui souhaite donc bonne chance pour les Oscars à venir !

Plus d'informations sur «Pauvres Créatures»

Bande-annonce de «Pauvres Créatures»

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