Critique2. März 2023 Cineman Redaktion
«Empire of Light» : Sam Mendes dévoile un hymne en demi-teinte aux salles de cinéma
Sortant à quelques semaines d’écart de «The Fabelmans» et «Babylon», «Empire of Light» fait l’étalage d’un autre aspect emblématique du 7e art : la salle de cinéma. Si le film de Sam Mendes charme par sa direction artistique et le jeu d’Olivia Colman, il reste à distance de ses thèmes et altérise ses personnages et leur romance tiède.
(Une critique d'Eleo Billet)
Dans le cinéma d’une ville balnéaire du Sud-Est de l’Angleterre, travaille Hilary (Olivia Colman). La cinquantaine, elle vit avec sa bipolarité, jongle entre sa solitude, sa léthargie et couche bon gré mal gré avec son supérieur marié (Colin Firth). Son existence change à l’arrivée de Stephen (Micheal Ward), qui dénote à ses yeux par sa douceur et parce qu’il est le seul employé noir. Hilary se lance à cœur perdu dans sa relation avec Stephen et ils deviennent très vite amants. Mais la santé mentale d’Hilary reste fragile alors que l’extrême droite prend Stephen pour cible.
Premier film que le réalisateur Sam Mendes scénarise seul, «Empire of Light» se démarque de ses précédentes œuvres par son manque d’équilibre et son incapacité à proposer une réflexion cohérente et personnelle. À commencer par l’histoire d’amour centrale, qui débute bien trop tôt sans que soit montré ce que Stephen trouve à Hilary. Le récit souffre de scènes mélodramatiques répétitives qui ne permettent jamais de comprendre qui sont ces personnages, ce qui les anime. Le racisme et la bipolarité sont ainsi guéris grâce à l’amitié autour du cinéma, dans l’esprit du long-métrage «Green Book» (2018) de Peter Farrelly.
Mais sous les lumières superbes signées Roger Deakins et les décors majestueux d’un étage de cinéma abandonné, l’artificialité et l’immobilisme priment. Sam Mendes privilégie les images choc de passages à tabac et de crises psychotiques où l’empathie pour les personnages est absente, eux qui sont pris en pitié à travers les yeux de leur partenaire. Même son discours sur la beauté de la pellicule et de la lumière, qu’il met dans la bouche d’un vieux projectionniste (Toby Jones), est un exercice de vanité où la passivité du public face aux images est célébrée tandis qu’est abondamment cité «Bienvenue, mister Chance» (Hal Ashby, 1979) à une spectatrice qui ne s’est jamais intéressée au cinéma.
Bel emballage d’une œuvre vide, «Empire of Light» a le mérite de s’intéresser en surface à des exploitants et employés d’un cinéma de province, et sert de tremplin pour que se déploie le talent de Micheal Ward, déjà excellent dans le film «Small Axe: Lovers Rock».
2/5 ★
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