Interview21. Juli 2021 Cineman Redaktion
Entretien avec Chris Rock - «J’espère être le Michael B. Jordan de la franchise Saw»
Spin-off de la célèbre saga de «torture porn», Chris Rock s’est accompagné du réalisateur Darren Lynn Bousman pour donner à la franchise un nouveau souffle, du moins un nouvel élan alors qu’un étrange tueur semble reprendre l’héritage de «Jigsaw». Pour nous en parler, Chris Rock s’est confié à Cineman et nous parle de ses références à Quentin Tarantino, du gore et de son Top 5 des meilleurs films d’horreurs.
(Propos recueillis par Tamy Tiede)
Cineman - Spiral est le premier chapitre véritablement horrifique de votre carrière, comment cela s’est passé pour vous?
Chris Rock - Oui, ceci dit, ce n’est pas la première fois que je propose quelque chose d’un peu plus sérieux ou dramatique. Mais en effet, c’est toujours tout l’un ou tout l’autre. Soit c’est comique, soit c’est dramatique. Si on prend la série «Fargo» par exemple, il n’y avait pas tellement de place pour être un peu léger ni faire des blagues. «Spirale: L'héritage De Saw» a été finalement un challenge très bienvenu. Cela m’a permis d’être les deux à la fois.
Cineman - À quel point avez-vous été impliqué dans l’écriture de ce nouveau chapitre?
CR - On avait passé une sorte d’accord avec les équipes, dans lequel j’étais en charge de la dimension comique du film et Daren (NDR: Darren Lynn Bousman) les scénaristes et les producteurs, eux, s'occupaient de la partie plus horrifique du métrage. Donc la divagation sur «Forrest Gump», c’est évidemment moi, assis à mon bureau, en train d’écrire et d’essayer de faire des vannes. J’ai pas mal été chargé de ça, c’est certain. En vérité, c’est presque un hommage à cette scène dans «Reservoir Dogs» (1992) où ils sont tous en train de parler de «Like a Virgin» de Madonna. Disons que c’est un léger détournement.
Il y a des jours où je rentrais à l’hôtel couvert de sang…
Cineman - Comment s’est passé le travail avec Samuel Lee Jackson?
CR - J’avais tellement d'admiration pour lui que ça m’a rendu nerveux. Ça m’a pris un peu de temps pour me détendre, j’ai presque eu envie de refilmer les premiers jours. Je me disais tout le temps «Wow, le gars de «Pulp Fiction» est en train de me gueuler dessus!». C’était complètement surréaliste!
Cineman - En tant que producteur, aviez-vous aussi envie de sortir la franchise de ses clous?
CR - Je crois qu’il y a suffisamment de gore pour les fans originels de la franchise et plein d’autres choses pour les profanes. Il me semble que l’on a un peu ouvert les horizons de cette saga. En temps normal, les films d’horreur ne sont jamais des films pour des castings avec de fortes personnalités. C’est un genre qui écrase un peu tout le monde. Ici, je trouve qu’il y a de belles relations entre les personnages, notamment celle entre Sam et mon personnage. Ce n’est pas quelque chose que l’on trouve dans beaucoup de films d’horreur. J’espère vraiment que l’on a ouvert l’espace de la franchise à un public plus large.
Cineman - Étiez-vous excité à l’idée de plonger dans le gore?
CR - C’est sûr que le côté gore a une dimension assez jouissive. Il y a un truc marrant, mais c’est aussi très particulier. Parfois des éléments qui ne sont pas des pièges en deviennent et certains pièges ne marchent pas. (rires) Aussi, personne n’est mort évident, mais des personnes se sont blessées en raison des saintes mesures de sécurité autour de la construction des pièges. Sur le tournage, on a eu un peu peur parfois. Vous pouviez entendre «Hey t’approche pas de ça, ça va se refermer sur toi!» ou «Fais gaffe, c’est un vrai couteau!». Alors c’est marrant, mais faut vraiment faire attention.
Cineman - Quel est le premier film SAW que vous aviez vu?
CR - Je crois que ça a été le deuxième et ensuite j'ai regardé le premier. Ce qui était un peu dure (rires). Mais ça m’a complètement bluffé. En aucun cas je m’attendais à ce que j’ai vu (1) (rires) et j’ai tout de suite voulu savoir qui l’avait réalisé. Je crois d’ailleurs que c’est le compliment ultime quand tu commences à te demander qui a fait ça, qui a écrit le scénario etc. En temps normal, on passe un peu vite sur le générique de fin, non? Là, j’ai immédiatement commencé à rechercher les noms. J’étais complètement dedans.
La divagation sur «Forrest Gump», c’est évidemment moi, assis à mon bureau, en train d’écrire et d’essayer de faire des vannes...
Cineman - Est-ce que c’était votre idée d’apporter une dimension plus politique? On pense notamment au discours sur la police...
CR - Non, alors ce n’était pas vraiment mon idée. Moi, j’ai plus influencé le ton du film, mais si on prend, par exemple, un film comme «48 Hrs.» (1982), c’est un film plutôt costaud et Eddie Murphy arrive à y être finalement assez drôle sans entraver l’action. Les scénaristes de «Spirale» ont réfléchi à un arc narratif autour de la corruption dans la police. Je dois bien admettre que ce n’est pas le premier film à le faire, mais quand on a tourné, on n’y avait pas pensé plus que ça. Maintenant, c’est un peu étrange, cela trouve une résonance toute particulière. L’idée n’était pas de faire un commentaire politique, mais effectivement ça peut se lire un peu comme ça aussi.
Cineman - Et pourquoi ne pas l’avoir réalisé vous-même? Vos dernières réalisations étaient pourtant excellentes.
CR - Alors je devais initialement le réaliser. C’était le plan, et puis quand j’ai reçu le script de «Fargo», j’ai compris que ça allait être un peu compliqué. À aucun moment je me suis dit «Super après avoir une journée de tournage, je vais repartir pour quatre heures sur «Spirale»». J’ai vraiment pensé que «Fargo» méritait mon attention la plus totale. Plus tard, Darren est arrivé avec nous et je pense que ça a bien marché. Ceci dit, je vais me remettre à la réalisation. Je viens d’ailleurs de terminer un scénario. Je me rends bientôt à Los Angeles pour rencontrer quelques acteurs et on espère filmer au printemps. Mais c’est tout ce que je peux dire pour l’instant !
Cineman - Aviez-vous dès le départ l’objectif de faire un film dérivé de la franchise?
CR - Vous savez quoi, moi j’ai toujours pensé à «Creed»… Techniquement «Creed» c’est Rocky 7, mais en même temps ça se tient tout seul, et même pour les gens qui n’ont jamais vu Rocky, jusqu’au point où c’est soit Rocky 10 ou Creed 3. C’est un peu comme ça que l’on a approché «Spirale». Du coup, j’espère être le Michael B. Jordan de la franchise «Saw» (rires).
Cineman - Vous reste-t-il une scène en mémoire, une scène plus marquante que les autres?
CR - Non, mais parfois cela prenait une semaine pour filmer juste une journée. Je ne veux rien dévoiler du film, mais certaines scènes ont pris beaucoup plus de temps que d’autres. Et il y a des jours où je rentrais à l’hôtel couvert de sang… Au point où j’en étais même désolé pour le personnel à l’hôtel. Les serviettes étaient couvertes de sang et personne ne leur a dit que c’était nécessairement du faux sang. Alors t’expliques que tu n’as tué personne, tu tournes juste un film!
J’espère vraiment que l’on a ouvert l’espace de la franchise à un public plus large...
Cineman - Pour conclure et en référence à votre film «Top Five», pourriez-vous donner votre TOP 5 en pop culture et films d’horreur?
CR - (Rires) Mon Dieu, j’en sais rien, mais peut-être des classiques comme «L’Exorciste» (1973), «The Omen» (1976), «Rosemaries Baby» (1968). J’aime bien les classiques, ils ne sont pas devenus des classiques sans raison. Aussi, j’aime beaucoup «Let The Right On In» (2008). Allez, voilà, c’est mon Top 5… Après j’aime tous les films avec un vampire. Si quelqu’un a une idée de film avec un vampire, faites le moi savoir (rires).
Dès le 21 juillet au cinéma. Plus d'informations sur «Spirale: L'héritage De Saw».
(1) - «I wasn’t expecting what I saw» (propos originaux dans l’interview en anglais). Référence au nom de la franchise SAW.
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