Critique30. Januar 2023 Theo Metais
Harrison Ford et Jason Segel en thérapie dans «Shrinking» sur Apple TV+
Les créateurs de «Ted Lasso» rejoignent Jason Segel et nous plongent en pleine thérapie dans une nouvelle série sur Apple TV+.
Et vogue la thérapie
Déjà à la barre de la série «Ted Lasso» , qui suivait les déboires de Jason Sudeikis à la tête d’un club de football anglais, Brett Goldstein et Bill Lawrence nous plongent cette fois en pleine thérapie sous le soleil de Pasadena en Californie. Marchant dans les pas de la série «The Shrink Next Door» (Apple TV+) et rappelant le succès de «En thérapie» sur Arte, une chose est sûre, les psys ont le vent en poupe.
Ainsi les créateurs racontent l’histoire de Jimmy, incarné par Jason Segel lui-même, aussi scénariste et producteur, un psychologue d’une quarantaine d’années aisé et dépressif depuis le décès de sa femme. Bientôt accablé par les interminables récits de ses patients, il change de méthode et devient «a psychological vigilante», un justicier psychologue en proie à bien des bouleversements alors que Gabby, sa consœur (Jessica Williams), lui propose de s’occuper de Sean (Luke Tennie), un jeune soldat revenu d’Afghanistan qui souffre de troubles de stress post-traumatiques.
Paroles, paroles
«Tout ce à quoi vous résistez persiste...», le précepte est de Carl jung, célèbre psychiatre suisse du 19e siècle, et ponctue un échange entre Jimmy et Sean lors du premier épisode alors qu’il vient de forcer son patient à se battre pour surmonter sa violence. Une invitation à l’ouverture, à la libération de la parole, ainsi le personnage désolé de Jason Segel («Our Friend») cogite à voix haute, émancipé de tout jugement. Si la formule a ses limites, la prestation de Jason Segel nous rappelle combien elle se prête à la comédie. «Shrinking» révèle, du moins dans sa première moitié, une rhétorique loufoque et touchante, véritable surprise de cette série.
En effet, les mots fusent si bien qu’ils permettent de mettre Jimmy au diapason de ses patients et d’accompagner sa reconstruction émotionnelle et professionnelle. Il y avait là une louable tentative pour infuser de la psychologie moderne dans une dramédie aux airs de sitcom des années 2000. L’ensemble paraîtra néanmoins un peu étiré. Jusque dans les rôles secondaires, à commencer par la voisine très maternelle incarnée par Christa Miller et en passant par Michael Urie dans le rôle du meilleur ami, «Shrinking» a pourtant une belle énergie à offrir.
Harisson en pleine Ford
À 80 ans, la légende Harrison Ford s’offre un rôle en douceur, loin des standards qui lui sont attribués dans la peau du praticien Paul. Une humeur de chien, une «forteresse de solitude», il est à la fois une figure paternelle et un mentor taciturne. Avec sous sa coupe les thérapeutes Jimmy et Gaby, la vie privée chevauche l’éthique professionnelle. Le trio partage bien des traumas, à commencer par la relation épineuse qu’entretiennent Jimmy et Paul avec leurs filles respectives, fil rouge de la série.
Tendre et grandiloquent, ce microcosme intello s’éveille chaque jour dans la cuisine immaculée du cabinet. Les dialogues auront leurs moments de gloire, et bien que l’humour soit socialement très identifiable, Paul et ses acolytes profiteront d’une écriture soignée. Coupables d’avoir été brillants pour «Ted Lasso», Brett Goldstein et Bill Lawrence tenaient là un pari risqué. Les créateurs continuent leur exploration de la psyché et d’une forme de masculinité sensible. Mais au pays de celles et ceux qui s’offrent des Tesla, les enjeux émotionnelles de «Shrinking» paraîtront un peu utilitaires, sinon prévisibles. Il n’en reste pas moins que la série profite du talent indéniable de l’ensemble de la distribution.
À découvrir depuis le 27 janvier sur Apple TV+.
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3,5/5
Bande-annonce
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