Critique5. März 2020 Theo Metais
«Hillary» sur Sky Show - 250 minutes dans la vie controversée d’Hillary Clinton
Polarisée, diabolisée, lynchée, adulée; Hillary Clinton se dévoile dans une mini-série Hulu en quatre épisodes diffusée le 8 mars prochain sur Sky Show. À 72 ans, l’enfant de Chicago inspirée par Martin Luther King devenue First Lady et qui tiendra tête à Donald Trump en 2016, se confie devant la caméra de la réalisatrice Nanette Burstein. Une série-documentaire sur la vie d'une éminente actrice de la vie politique américaine somme toute controversée.
Montée sur «Take Back The Power» du groupe de ska punk «The Interrupters», la série s’ouvre avec une énergie adolescente, presque antisociale, et l’on a eu tort de penser qu’Hillary se donnait des airs d'icônes pops irrévérencieuses. En effet, la série, présentée cette année à la Berlinale, donne en toute intimité la parole à l’une des figures majeures de la politique américaine de ces dernières décennies. Une mise en scène et un découpage soignés, une série d’entretiens et d'archives pour jongler entre le privé et le public.
Des amies d’enfance, des proches, des membres de sa campagne, des journalistes, son époux Bill Clinton, et Barack Obama, pour qui elle officie en tant que secrétaire d'État (2009-2013); tous se joignent au groupe de parole orchestré par la réalisatrice Nanette Burstein (nommée à l’Oscar en 2000 pour son documentaire «On the Ropes»). De son enfance à Park Ridge, quartier républicain en périphérie de Chicago, jusqu’à sa défaite en 2016 face au magnat du bâtiment et candidat à la cravate rouge; raconter Hillary Clinton, c’est raconter une tranche de l’histoire des États-Unis. À la messe «Hillary» (la série), se mêle aussi de nombreuses images d’archives, une plongée notamment dans les coulisses de la campagne de 2016 sur les derniers épisodes.
«Un portrait qui se lit comme une investigation de la politique américaine...»
En témoigne la manifestation organisée à son encontre devant la Haus der Berliner Festspiele à Berlin lors de son passage, Hillary Clinton divise encore et toujours. Jadis, d’aucuns auraient écrit leurs mémoires, ici quatre épisodes et un total d’un peu plus de 250 minutes, pour revenir sur près de 50 ans de scandales et de carrière politique. Et tout y passe, l’affaire de ses emails, l’échec de son programme de santé publique en 1993, les pérégrinations extraconjugales de son conjoint, avec en point d’orgue l’affaire Lewinsky, la controverse immobilière du «Whitewater», le suicide de Vincent Foster, ses accusations de corruption face à Trump... bref un inventaire à la Prévert, un portrait qui se lit comme une investigation de la politique américaine. Au spectateur de ne pas négliger le recul critique qui s'impose face à ce genre de documentaire.
«La politique, c’est l’art de la survie!» entendra-t-on de la voix d’un journaliste. La maxime résumerait presque à elle seule la carrière, sinon la vie, politique d’Hillary Clinton. Le portrait proposé par Nanette Burstein ravira nécessairement les friands d’histoires politiques. Il manquera ses détracteurs, certes, et «Hillary» prend parfois des allures de fable à la première personne, mais de ses premiers pas sur les tribunes de Yale en 1969, à son ascension au poste de First Lady, au siège de sénatrice pour l'État de New York, dans la course à la présidence en tandem avec Bill Clinton, jusqu’à son ascension en solo, l’excellente réalisatrice décrypte Hillary avec un sens impeccable du récit. Une analyse qui donnerait envie de se replonger dans «Citizen Kane», «Les hommes du président», ou de (re)cliquer sur «Trump: An American Dream», «Dirty Money», ou même «Cambridge Analytica» sur Netflix.
En bref!
Fille du baby-boom post Seconde Guerre mondiale, une figure féministe controversée, First Lady, sénatrice et taclée à la porte du Bureau ovale en 2016; si le portrait manque parfois de nuance, «Hillary» (la série) passionne pour la singularité du récit, et ce qu’elle raconte de l’histoire de la politique américaine.
3,5/5 ★
Plus d'informations sur «Hillary», à découvrir le 8 mars sur Sky Show.
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