Y a-t-il une vie après la mort ? Ou plutôt une vie après la vie ? La réalisatrice suisse Lila Ribi a fait de cette question une quête. Film documentaire retraçant les dernières années de la vie de la grand-mère paternelle de la cinéaste, «(Im)mortels» est autant une recherche de sens qu’un tendre hommage à son aïeule.
Plus cartésienne que rêveuse, celle qui a enterré deux de ses trois fils attend juste que la mort vienne la chercher dans son sommeil. Avec crainte, mais impatience de tirer sa révérence, Greti, une grand-maman comme tant d’autres, vaque à ses occupations dans sa maison de campagne surplombant le lac. Elle prépare le thé, fait de la confiture, range le chocolat dans son garde-manger et arrose ses fleurs. Bientôt, elle devra rendre son permis de conduire et mettre fin à son histoire d’amour avec sa voiture qui l’a conduite sur les routes d’Europe.
À 93 ans, lorsque sa petite-fille Lila la questionne sur la mort et l'après, la vieille femme reste évasive et n’imagine pas grand-chose, elle attend sa fin plus qu’elle ne la pense. Lila, elle, se pose une multitude de questions sur le sujet et en est persuadée : la fin n’est que le début d’autre chose. Les deux femmes, issues de deux générations différentes avec leur vécu respectif, se confrontent avec douceur et humour sur cette thématique qui n’a cessé de tarauder les esprits à travers les âges.
Les aspects théoriques et pratiques viennent se bousculer alors qu’une vie, celle de Greti, s’éteint gentiment.
Après avoir réalisé «Révolution silencieuse» (2017), la réalisatrice helvétique a présenté son deuxième long-métrage aux Journées de Soleure en début d’année. Lila Ribi y propose une immersion dans son monde, et plus particulièrement dans celui de sa grand-maman, pour tenter de percer le mystère de la mort. Car c’est une question que tout le monde s’est posé au moins une fois : y a-t-il une vie après la mort ? Est-ce la fin de tout, ou juste celle de notre corps physique ? Subsistera-t-il quelque chose de nous ? La fascination de la cinéaste n’a d’égal que le pragmatisme apparent de sa grand-mère. Face à cette dernière, qui reste de marbre lorsque assaillie de questions sur l’« après », la réalisatrice persiste dans son ambition de comprendre et de savoir. Les dizaines de livres entassés sur son bureau témoignent de sa quasi-obsession pour ce sujet métaphysique. Car la mort a cela d’ambigu : elle est à la fois la chose la plus commune et la plus terrifiante qui soit. Tout le monde meurt un jour ou l'autre, c’est un fait, mais personne n’a la moindre idée de ce qui nous attend ensuite.
Lila Ribi se met en scène dans ce documentaire. Si la face A se focalise sur la fin de vie de sa grand-mère, la face B approfondit les recherches de la réalisatrice à l’aide d’interviews de spécialistes, neurologues, psychologues et philosophes ainsi que de témoignages de personnes qui ont vécu une expérience de mort imminente. Les aspects théoriques et pratiques viennent se bousculer alors qu’une vie, celle de Greti, s’éteint gentiment. On rit, on réfléchit, on est ému aussi par cette dame âgée qui emplit les images d’une sorte de nostalgie, de force aussi et de fragilité.
Tout le monde meurt un jour ou l'autre, c’est un fait, mais personne n’a la moindre idée de ce qui nous attend ensuite.
«(Im)mortels» est plus qu’un documentaire sur des questionnements métaphysiques à propos de la finitude de l’être. En filmant sa grand-mère sur plusieurs années, Lila Ribi dépeint avant tout la relation touchante et émouvante que les deux femmes entretiennent. À travers la quête de l’une et les dernières années de l’existence de l’autre, une fresque familiale se dessine, dévoilant les aléas de la vie, renvoyant chacun de nous à nos propres interrogations, nos peurs et nos doutes. Traiter de la mort et des questions l’entourant sans tomber dans le pathos est un exercice périlleux. Lila Ribi y parvient joliment.
3,5/5 ★
Depuis le 11 mai au cinéma
Plus d'informations sur «(Im)mortels».
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