Interview25. März 2024 Cineman Redaktion
Alexandra Lamy sur «La Promesse verte»: «Je nous considère un peu comme des "artivistes"»
La comédienne française joue dans «La Promesse verte» d’Edouard Bergeon. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de l’avant-première du film, à Colmar.
(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain.)
Un quart de siècle après la diffusion du premier épisode d’«Un gars, une fille», Alexandra Lamy incarne avec brio une mère courage dans «La Promesse verte», en salle dès mercredi 27 mars. Alors que son fils Martin (Félix Moati) se retrouve injustement dans le couloir des condamnés à mort en Indonésie, elle se lance dans un combat féroce contre les lobbies et les exploitants d’huile de palme.
Cineman: Quel était votre rapport à l'écologie avant de rejoindre ce projet?
Alexandra Lamy: Je viens des Cévennes, du même milieu qu'Edouard. Quand on vient de la campagne et de la ruralité, on fait toujours un peu attention à la planète, à bien manger, à consommer des légumes de saison... Je bosse comme une folle, mais je n'ai jamais acheté de plats tout prêts. J'ai toujours eu une conscience écolo, mais concernant l'huile de palme, je ne voyais pas la déforestation aussi énorme, c'est atroce, même si j'ai envie de croire en l'humain et en la jeunesse.
Quel impact peut avoir «La Promesse verte» sur la situation actuelle?
AL: Parfois le cinéma et la culture permettent de gagner du temps, de montrer des choses frappantes. Je nous considère un peu comme des «artivistes». Voir une tribu se faire assassiner pour ses terres, même si on sait que ça se passe, on a besoin des images pour que ce soit percutant. Avec ce film, on sent qu'Edouard est très documenté, qu'il vient du journalisme, et on se prend tout ça en pleine face. Le personnage que j’incarne, Carole, est aussi l'œil du spectateur.
Comment s’est déroulé le tournage en Thaïlande?
AL: Nous avons eu un pic de pollution, un pic de chaleur... : c'est aussi terrible que la pluie et le froid! Récemment, sur le tournage de «Louise Violet» (prochainement en salle, NDLR), j’ai cru que j’allais perdre mes orteils, car j’étais dans la neige avec des chaussures toutes fines. Il faisait si froid que je ne pouvais pas parler tellement j'étais paralysée. Les extrêmes sont terribles et en Thaïlande, c'était la chaleur, l'humidité, la pollution... Et on a beau transpirer, on nous ajoute encore du gras sur le visage pour qu'on luise et que ça se voit bien à la caméra, c'est insupportable!
Est-ce que ces conditions vous ont aussi aidée pour plonger dans cette tension et cette peur, omniprésentes dans le film?
AL: Oui, la chaleur, la fatigue aussi. Et puis se trouver dans un pays étranger, où ce n'est ni notre langue ni nos lois, c'est tout de suite plus angoissant. J’étais tout le temps à fond dans le film, je ne pensais qu’à l’état de Carole, qui est épuisée, qui pleure, qui fait des allers-retours entre la France et l’Indonésie, qui ne dort pas… Je me suis fatiguée physiquement pour montrer que cette femme est à bout. Je n'ai pas mis de maquillage pour être à l'état brut, et parce qu’elle n'a pas le temps, elle ne pense qu'à son fils condamné à mort.
Ces émotions-là, si intenses, sont-elles plus difficiles à jouer que d'autres?
AL: Tout est difficile! Faire rire 1000 personnes dans une salle, vous croyez que c'est facile? Dans une comédie, tout doit être bon: l'histoire, les acteurs et actrice, la personne qui met en scène… Si un seul truc ne va pas, c'est mort. C'est pour ça que plein de gens ne s'y frottent pas, c'est trop dur! Personnellement, en tant qu'actrice, j'ai besoin d'aller partout, de passer du drame à la comédie et vice-versa, car j'ai toujours peur de prendre des tics de jeu.
D’ailleurs, quand je travaille, quelles que soient mes scènes, je les travaille dans tous les sens: en crise de fou-rire, en peur, en colère, en larmes. Il y a toujours quelque chose à prendre dans chaque émotion. Je pense aussi toujours à la façon dont mon personnage rit et dont elle fait l'amour, car ça peut raconter beaucoup: est-elle timide, extravagante, romantique, a-t-elle besoin de faire l’amour de façon animale, ou peut-être ne supporte-t-elle pas qu'on la touche...?
Quels sont les principaux obstacles que vous avez rencontrés au cours de votre carrière?
AL: Je n'en ai pas vraiment eu, j'ai fait ce que j'avais à faire et si ça ne passait pas par la porte, je passais par la fenêtre. C'est une question de ténacité et de confiance en soi. Et puis je pense qu’il ne faut écouter personne. Tout le monde parle pour vous, pense savoir pour vous, et souvent, ils se plantent!
Et qu'est-ce qui vous apporte le plus de joie dans votre profession?
AL: D'avoir plein de possibilités et de pouvoir faire tellement de choses différentes! Et lorsque je fais des films engagés, comme lorsque j’ai réalisé «Touchées», autour des violences conjugales, et comme aujourd’hui avec «La Promesse verte», j’adore pouvoir aller débattre dans des cinémas avec toutes les générations: ça secoue, ça libère la parole et ça crée de la joie!
La relation mère-fils est très forte dans «La Promesse verte» et la famille occupe une place de choix dans votre filmographie…
AL: C’est vrai, on me donne souvent ces personnages-là, car ils sont populaires, les gens s'identifient. J'ai ce côté Girl Next Door, que j'avais déjà plus jeune et qui me colle, mais qui me colle autrement, qui évolue, qui devient mère...
À propos de Girl Next Door: est-ce qu'on vous en parle toujours autant d’«Un gars, une fille» aujourd'hui?
AL: Oui, bien sûr! C'est extraordinaire d'avoir participé à une série culte, c'est rare que la comédie reste et vieillisse bien. Les jeunes me reconnaissent aussi, ce qui me donne une popularité qui me permet d'aller dans des drames, que les gens iront voir parce que je suis dedans. Je trouve ça super. Par contre, je précise que l’on ne touche pas un rond sur ces rediffusions! (rires)
Plus d'informations sur «La Promesse verte»
Bande-annonce de «La Promesse verte»
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