Interview16. Oktober 2023 Cineman Redaktion
Leonardo DiCaprio sur «Killers of the Flower Moon» : «C’est comme si ces meurtres s’étaient produits hier»
Après sa présentation au Festival de Cannes en mai dernier, le nouveau film de Martin Scorsese débarque sur nos écrans. Entretien exceptionnel avec le metteur en scène, Robert De Niro, Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone et Jesse Plemons.
(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain)
En mai dernier, à Cannes, «Killers of the Flower Moon» a créé l’événement: une montée des marches réunissant les légendes que sont Martin Scorsese, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio, même sur la Croisette, ce n’est pas tous les jours. Qui plus est, pour un film fleuve de 3h30, western historique qui revient sur la série de meurtres commis sur le peuple Osage dans les années 1920. À cette époque, le pétrole découvert sur leurs terres leur apporte la fortune et en fait l’un des peuples les plus riches au monde. Richesse rapidement convoitée par les Blancs, qui abusent, arnaquent, volent, trahissent les Amérindiens, et vont jusqu’à les tuer sauvagement.
Produit par Apple Studios et tiré du best-seller de David Grann, ce western épique de Martin Scorsese se concentre sur l’improbable romance entre Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio, qui retrouve le cinéaste italo américain pour la sixième fois) et l’Osage Mollie Kyle (superbe Lily Gladstone), qui démarre d’un mariage arrangé: un complot imaginé par le cupide Willliam Hale (Robert De Niro), l’oncle d’Ernest. Toute l’histoire est tirée de faits réels, avec des personnages ayant existé.
«Je ne comprends pas comment mon personnage peut faire ça», nous a confié Robert de Niro lors de notre rencontre cannoise. «Il y a une sorte de déconnexion en lui. Il aime ces gens, fait plein de choses pour eux, puis les trahit, comme s’il avait l’impression qu’il avait le droit de manipuler la situation». De son côté, Leonardo DiCaprio explique s’être immergé à fond dans la culture Osage et s’être renseigné autant que possible sur son personnage: «Il était lâche, cupide, opportuniste et manipulateur, il a lui-même été manipulé par son oncle, mais je crois qu'il aimait vraiment Moly. Leur amour était sincère. En discutant avec des membres de la famille directe d’Ernest, c'était impressionnant de voir à quel point ces histoires étaient tactiles, comme si ces meurtres s'étaient produits hier, alors que les faits se sont déroulés il y a 100 ans. Les gens sont encore terriblement affectés.»
La vérité avant tout
Pour le metteur en scène, il était essentiel de s’éloigner du récit du livre de David Grann, qui a pour héros l’agent du FBI Tom White, à qui l’on doit la résolution des meurtres, et de se concentrer sur le peuple Osage, en apprenant à les connaître et en faisant jouer un maximum dans le film : «Il était très important de leur accorder le plus grand respect et d’essayer de comprendre le mieux possible qui ils étaient. En réalité, trouver la capacité de respecter réellement d'autres cultures et d'autres personnes peut s’avérer difficile.» Jesse Plemons, qui joue Tom White, raconte que le fait d’être sur place l’a vraiment aidé: «On utilise toujours son imagination lorsqu’on construit un rôle, mais là, je n’en avais presque pas besoin, tant on était transportés et immergés dans ce monde». Ayant grandi au Texas, le comédien estime que quelque chose dans son ADN a aussi rendu plus naturelle la compréhension de son personnage. «Et puis je n’aime pas trop les westerns qui ne montrent qu’un côté des choses avec une fausse représentation. Moi, je veux montrer la vérité, et Martin Scorsese est constamment à la recherche de cette vérité».
«Cette nation a pris des mesures incroyables pour préserver son héritage»
Le script évoluait au cours du tournage et changeait, toujours dans cette idée de s’approcher plus de la réalité. Dans cette optique, la plupart des comédiens et comédiennes ont dû apprendre la langue osage. «Le département de la langue osage est incroyablement bien organisé, cette nation a pris des mesures incroyables pour préserver son héritage et c’est très encourageant», confie Lily Gladstone, qui a davantage de répliques en osage que ses camarades. «J'ai étudié pendant des mois. Les femmes parlent un dialecte légèrement différent de celui des hommes. La préservation des langues indigènes me semble intrinsèquement liée à ma vision du monde et c'était donc un honneur de pouvoir prononcer ces mots.»
Trio d’anthologie
Les trois légendes du cinéma ont chacune donné leur avis sur leurs retrouvailles: «Je connais Martin Scorsese depuis longtemps puisqu’on venait du même quartier, mais je n’aurais pas imaginé à l’époque que notre relation dure autant», confie Robert De Niro. «Je suis chanceux, mais je sais aussi prendre les bonnes décisions! C’est le dixième film que nous tournons ensemble, je suis fier de cette collaboration et nous prenons vraiment du plaisir à travailler ensemble». «En fait, c'est De Niro qui a trouvé DiCaprio!» rigole le metteur en scène. «Je me souviens bien, il m’avait appelé alors qu’ils tournaient ensemble «Blessures secrètes» et il m’avait dit: «Tu sais, je bosse avec ce gamin et il est vraiment bon. Tu devrais travailler avec lui!». «Le fait que Robert De Niro, que je considère comme l’étalon d’or du cinéma, m'ait recommandé en tant qu'acteur auprès de Scorsese, et que j'aie pu faire autant de films avec lui ensuite, c’était incroyable», note pour sa part Leonardo DiCaprio. «Aujourd’hui, nous nous retrouvons tous les trois, 30 ans plus tard; c’est un moment très spécial et très significatif pour moi.»
Au cinéma le 18 octobre.
Plus d'informations sur «Killers of the Flower Moon».
Bande-annonce de «Killers of the Flower Moon»
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