Interview13. Oktober 2022 Maxime Maynard
Louis Garrel sur Jean-Luc Godard : «Sa présence nous protégeait de notre idiotie»
Alors que se profile la sortie de son nouveau film, Louis Garrel s’est confié sur l’icône de la Nouvelle Vague et son influence sur le cinéma moderne.
(Propos recueillis et mis en forme par Maxime Maynard)
Le 13 septembre dernier, Jean-Luc Godard s’éteignait à l’âge de 91 ans, privant le monde du cinéma de l’un de ses réalisateurs les plus emblématiques. Quelques jours après, nous avons eu la chance de rencontrer l’acteur-réalisateur Louis Garrel lors de la présentation de son nouveau long-métrage «L’Innocent» à la 18e édition du Zurich Film Festival. Au détour d’une conversation dans les locaux du Kongresshaus, il a accepté de partager sa vision du célèbre cinéaste français.
«Il était tellement intelligent, tellement génial comme artiste et comme penseur du cinéma.» Nous dit-il. Et le cinéma, Louis Garrel le connait bien pour y avoir baigné toute sa vie. Son père, le réalisateur Philippe Garrel se fait connaître du grand public en 1982 avec son long-métrage «L’enfant secret». Sa mère, Brigitte Sy, travaille aussi bien devant que derrière la caméra. Dans cet univers, le jeune acteur-réalisateur découvre très tôt les codes cinématographiques.
Il ajoute : «À réfléchir le cinéma comme il l’a fait, il est presque devenu l’inventeur du cinéma moderne.» En effet, figure de proue de la Nouvelle Vague dans les années 60, Jean-Luc Godard a su poser sa marque sur le monde cinématographique et, ainsi, transformer les codes pour les générations suivantes. Mais le maître était aussi connu pour être inflexible dans son art. «C’est comme si sa présence nous protégeait de notre idiotie.» Partage Louis Garrel «On pouvait se permettre d’être idiot parce qu’on savait qu’il y avait Jean-Luc Godard qui travaillait d’une manière sérieuse.»
Un sérieux que l’acteur a su magnifiquement personnifier lors de sa participation au film «Le Redoutable» (2017) de Michel Hazanavicius, inspiré du livre de l’ancienne épouse et muse du cinéaste, Anne Wiasemsky. Il s’y glissait, avec habilité, dans la peau de Godard. Une performance qui avait valu à Louis Garrel une nomination dans la catégorie meilleur acteur à la 43e cérémonie des Césars.
«Quand il a disparu, je me suis demandé si on aurait encore le droit d’être idiot, ou est-ce qu’on ne va pas paraître trop idiot d’être idiot. Moi, j'aime bien être idiot, quand il y a des maîtres comme ça. Ce sont eux qui tiennent l’échafaudage.» Une légèreté de ton bien présente dans son nouveau long-métrage «L’innocent», ou l’histoire décalée d’un braquage à la française, dans laquelle le Jean-Paul Belmondo de «Pierrot le fou» et «À bout de souffle» aurait parfaitement trouvé sa place.
L’héritage de Jean-Luc Godard est entre de bonnes mains.
«L’Innocent» est à découvrir le 26 octobre au cinéma.
Bande-annonce
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