Critique8. Juni 2022 Theo Metais
«Jurassic World : Le Monde d'après» - Saga désincarnée
Un chapitre final qui complète le cycle du Jurassic, un film empreint de nostalgie, dans lequel s’éparpille une intrigue aussi titanesque qu’inconsistante.
Depuis les événements du volet précédent, Owen Brady (Chris Pratt) et Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) vivent reclus pour protéger Maisie (Isabella Sermon), et les dinosaures errent en liberté parmi les humains. Bientôt des malfaiteurs s’emparent du bébé de Blue, et capturent la petite fille de Lockwood. Pour les retrouver, Owen et Claire découvrent une nouvelle entreprise de manipulation génétique, une entreprise à laquelle s’intéressent aussi Ellie Sattler (Laura Dern) et Alan Grant (Sam Neil).
À l’heure du neo-jurassic, les humains et les dinosaures cohabitent sur terre, et «Jurassic World : Le Monde d'après» confirme ce que présageaient «Battle at Big Rock» (2019), le court métrage de Colin Trevorrow, et les 5 minutes de prologue : à quelques exceptions près, cette nouvelle ère n’a rien d’un paisible zoo à ciel ouvert.
Quatre années se sont écoulées depuis la destruction d’Isla Nublar; une situation désastreuse que nous expose une journaliste en ouverture du métrage. Le ton est donné, les géants du jurassic dérèglent les équilibres écologiques et des nuées de criquets géants ravagent les cultures.
Bryce Dallas Howard continue ses actions de protection des dinosaures, et Chris Pratt n’en finit plus d’astiquer le catalyseur de sa Triumph. Alchimie artificielle, les parents adoptifs protègent Maisie entre les quatre murs de bois d’un cottage isolé en l’Alaska. La jeune adolescente est une précieuse denrée scientifique, de même que le bébé de Blue qui vit dans la forêt environnante. Et ce qui devait arriver arriva… Quelques malfrats tatoués kidnappent le duo et les parents tenteront de ramener tout le monde au bercail. D’autant qu’Owen a fait une promesse à un dinosaure !
«Jurassic World : Le Monde d'après» n’a vraisemblablement plus grand-chose à dire...
Ainsi, Colin Trevorrow rassemble les générations, recycle, galvanise son auditoire de quelques notes nostalgiques et prétexte une intrigue bien légère pour réveiller ses icônes d’antan. En effet, Laura Dern et Sam Neil enquêtent en duo sur les travaux de manipulation génétique de l’entreprise Biosyn et son patron. En parallèle, Owen et Claire s’empressent de retrouver Maisie dans les arcanes d’un décorum emprunté à «No Time To Die». Et en tandem avec la scénariste Emily Carmichael, le cinéaste écartèle une histoire indigeste et des personnages qui n’en finissent plus de s’éparpiller.
Pop culture mémorielle qui ressert les débris de sa légende, à l’orée de l’hommage plan par plan, le spectacle sera essentiellement visuel. Et alors que l’anthropocène est menacée, l’utopie diabolique de la manipulation génétique persiste, encore et toujours.
Du haut de ses 165 000 000 $, «Jurassic World : Le Monde d'après» n’a vraisemblablement plus grand-chose à dire et se contente de divertir au cœur de son propre écosystème. Seul Jeff Goldblum, toujours aussi drôle, nous fait penser qu’un piètre sequel de son personnage aurait été plus divertissant que cette conclusion désincarnée.
Si l’œuvre avant-gardiste de l’écrivain Michael Crichton mettait en garde sur les Dr. Folamour de la génétique en 1990, 32 ans plus tard, aurions-nous pu envisager que «Le Monde d'après» se fasse le porte-parole d’un nouvel espoir ? Celui, par exemple, de la paisible réintroduction des espèces, d’une génétique vertueuse, d’une utopie écologique salutaire, d’une harmonie du vivant ? Mais il n’en sera rien. Colin Trevorrow vient de brûler nos espoirs dans un gigantesque brasier de sauterelles.
2/5 ★
Le 8 juin au cinéma
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