Kate Winslet sur «Lee Miller»: «Lee avait la capacité de vraiment voir les gens»

Reconnue internationalement, l’actrice britannique Kate Winslet était à Zurich pour présenter son dernier chef-d’œuvre «Lee Miller». Votre équipe Cineman a eu la chance de pouvoir l’écouter le temps d’une conférence passionnante.

De Rose dans «Titanic», à Hanna dans «The Reader», en passant par la Chancelière Elena Vernham dans la mini-série «The Régime»: sur déjà trois décennies, la carrière de Kate Winslet nous a offert nombre de performances fortes et remarquables. Et avec «Lee Miller», l'actrice persévère. Nouvelle confirmation de son talent, le long métrage, réalisé par Ellen Kuras, est aussi le symbole de sa ténacité en tant que productrice.

«Je n'arrive toujours pas à croire que je n'ai plus besoin d’essayer de faire ce film!» déclare-t-elle «J'ai l'impression d’avoir fait ça pendant tellement longtemps». Il faut dire qu’il ne lui fallut pas moins de neuf ans pour finaliser le projet.

«En 2015» se remémore-t-elle, «Des amis m'ont parlé d’une table qui se trouvait dans la maison de vacances de la famille Penrose. Lee Miller et Roland Penrose étaient amants. J'ai pensé: «Lee Miller, je me demande pourquoi personne n'a jamais fait de film sur elle!» J’ai immédiatement contacté le producteur australien Troy Lum, l'un de nos partenaires, qui, en 2014, avait approché Antony Penrose, le fils de Lee Miller. Puis, la première chose que j'ai faite, c'est d'aller rencontrer Antony. Il a découvert le travail de sa mère seulement après sa mort en 1977. Il n'avait aucune idée de ce qu’elle avait accompli pendant la guerre. Leur relation était compliquée. Depuis, il a consacré sa vie à préserver la mémoire de sa mère.»

Débute alors un parcours du combattant: «La première étape a été de trouver le bon scénariste. Une amie, Marion Hume, qui a été journaliste de mode, d'investigation et rédactrice en chef de Vogue Australie, m'a dit: «Je connais bien cette période et Lee Miller.» Ensemble, nous avons rassemblé des documents utiles pour les costumes, les décorations, la photographie. Après environ six mois de collaboration, je lui ai dit: «Tu devrais écrire ce film!» Elle a été scénariste principale pendant un moment. John Collee, plus expérimenté, a aidé à structurer le scénario. Puis Liz Hannah a introduit des éléments structuraux clés.»

Pour la réalisation, le choix était vite fait: «Je connais Ellen Kuras depuis 2003. Elle a une carrière impressionnante en tant que directrice de la photographie. Beaucoup de personnes sur ce film ont travaillé avec moi quand j'avais 19, 25, 27, 22 ans. Nous avons tous grandi ensemble dans cette industrie, et c'était merveilleux. Nous avons enfin tourné le film à la fin de 2022.»

Mais comment mettre en scène l’existence d’une personne si complexe, qui n’a eu de cesse de se réinventer? «Il est rapidement devenu évident qu'il était impossible de faire un simple biopic» commente l’actrice «Ce film couvre dix ans de sa vie. Très peu de femmes photographes étaient accréditées pour aller en première ligne. Mais Lee ne photographiait pas ce que beaucoup d'hommes documentaient, comme les soldats, les combats, le sang. Elle s’intéressait à l'histoire des victimes, car elle croyait profondément que chaque histoire méritait d'être racontée. Son appareil photo était unique. Le Rolleiflex se place devant la poitrine, devant le cœur. Cela lui permettait de faire la mise au point tout en levant les yeux pour rencontrer le regard de la personne qu'elle photographiait. Lee avait la capacité de vraiment voir les gens.»

Et sur le plateau, Kate Winslet s’est elle-même transformée en véritable photographe: «J'utilisais constamment l'appareil photo. Ce n'était pas un simple accessoire. Nous avions du vrai film dans l'appareil, je savais parfaitement comment l'utiliser. Je suis devenue assez douée. J'étais très fière quand nous avons enfin imprimé les images. Récemment, une exposition a été organisée intitulée «Lee et Lee». Il y avait les vraies photos de Lee, celles recréées par la photographe de plateau Kimberly French et les miennes. C'était absolument merveilleux.»

Un travail de tout instant, qui aura occupé la comédienne britannique pendant près d’une décennie. Aujourd’hui, enfin, les spectatrices et les spectateurs peuvent découvrir cette histoire incroyable. «Il y a peut-être des gens qui n'avaient jamais entendu parler de Lee Miller.» Partage Kate Winslet, «J'espère qu’ils la découvriront, à travers ce film, pour la personne qu'elle était, pour le travail extraordinaire qu'elle a accompli, pour son courage, sa capacité à redéfinir la féminité il y a 80 ans, avec résilience et force. Aujourd’hui, nous écoutons les histoires de femmes avec une nouvelle sensibilité. Je suis tellement fière de ce que nous avons accompli.»

À découvrir au cinéma depuis le 9 octobre.

Plus d'informations sur «Lee Miller»

Bande-annonce de «Lee Miller»

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