Critique6. Februar 2019 Sven Papaux
«La dernière folie de Claire Darling» - Brader un passé douloureux
À Verderonne, un petit village de l’Oise, Claire Darling s’active pour vider sa maison et procéder à un vide-greniers. Pourquoi ? D’après elle, son heure a sonné.
Un vide-greniers, une multitude d’objets bradés que les habitants du village n’hésitent pas à s’arracher. Appelée par son amie d’enfance, Martine Leroy (Laure Calamy), Marie Darling (Chiara Mastroianni), la fille de Claire, revient au bercail, alors que mère et fille ne se sont pas parlées depuis près de 20 ans. Des retrouvailles mouvementées.
La fin d’une vie rongée par le deuil. Claire Darling est persuadée d’être au carrefour de sa vie. À l’intersection entre passé et présent, elle revit les bons moments, mais surtout les plus douloureux. Veuve, sénile, fusillée par la vie, Claire est liée à jamais à sa maison et ses sombres souvenirs qui persistent à travers les différents meubles. Le passé traîne dans un tiroir poussiéreux.
Claire Darling abandonne l’oeuvre de sa vie...
Incarnée par Alice Taglioni, la Claire Darling 20 ans plus jeune rôde à l’image d’un fantôme hantant les murs de la bâtisse. Il n’y a plus de visage derrière le masque de la femme élégante, juste le désespoir et la solitude. Vendre les meubles, les solder à coups de poignées d’euros. Elle vend tout, comme son existence. Le mobilier disparaît comme sa propre vie. Claire Darling abandonne l’oeuvre de sa vie.
En adaptant le roman de Lynda Rutledge, Julie Bertuccelli, ancienne assistante de Krzysztof Kieślowski ou encore Bertrand Tavernier, offre un rôle sublime à Catherine Deneuve. Très en deçà de ses standards au cours de ses dernières prestations dans Mauvaises herbes ou encore Tout nous sépare, la légendaire actrice campe admirablement le rôle de Claire Darling. Au rupteur, esseulée, au bout du rouleau, Deneuve transmet ce mal-être qui élève le film au milieu du temps qui passe.
Un propos touchant, à la conclusion poétique et métaphorique. L’âme est au centre des débats. Le conflit comme ombre au tableau. Une tendresse oubliée et enfouie qui s’installe quand Marie débarque. Chiara Mastroianni convainc aussi. Nostalgique de son petit village, en constante recherche d’un amour maternel qu’elle n’a jamais eu. Un bras de fer émotionnel qui lui échappe. La Dernière folie de Claire Darling mise sur ses fêlures passées, indélébiles, et traîne des questions en suspens. Et Bertuccelli d’en disposer intelligemment
En bref !
Grâce à la belle photo d’Irina Lubtchansky et un bon casting, La dernière folie de Claire Darling se lance dans une poursuite à travers le temps, à la recherche d’un pardon, d’une vie entachée par le deuil. Sous ses airs tragiques, il y a la beauté de la vie. Un joli film qui saura trouver son public pour un moment tendre et poétique.
3/5 ★
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