La fulgurance cassavetienne de Mathieu Amalric

Depuis ses débuts, Mathieu Amalric passe du jeu à la réalisation, ce qui est chose courante au cinéma, sauf que le réalisateur du film Barbara – tout juste sorti en salle et plutôt majestueusement réussi – alterne les deux activités avec un style qui lui est propre, sans jamais perdre le fil au moment de changer de casquette entre deux prises.

Petit retour en arrière. Quand on a la vingtaine, il y plusieurs façons de s’accomplir. Alors qu’il vient de louper son entrée à l’Idhec, Mathieu Amalric ne se décourage pas et se lance rapidement – et avec panache ! – dans de courtes réalisations. D’emblée il met en scène Marre de café (1985), un film brouillon et attachant mais dont il soulignera la très grande nullité selon lui dans un long entretien accordé à Jean-Marc Lalanne pour Les Inrocks vingt ans plus tard.

En 1997, peu après le tournage de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) d’Arnaud Desplechin, film dans lequel il incarne le fabuleux Paul Dédalus, Mathieu Amalric amorce l’écriture de son premier long-métrage Mange ta soupe. Ce film, résolument autobiographique et très bien accueilli par la critique, évite les pièges courants des premières œuvres souvent narcissiques et prend place dans un univers original et éclectique.

Pourtant c’est avec son quatrième long-métrage Tournée (2010) que l’œuvre du cinéaste prend une véritable ampleur. Dans une veine résolument cassavetienne, le film conjugue l’improvisation des mouvements de caméra et la mise en scène travaillée et longuement préparée à l’avance. Dès ce film Mathieu Amalric s’impose comme un des réalisateurs les plus importants de la nouvelle génération et sa présence sublime la vie de ce cabaret New burlesque qu’il met en scène. Mais Mathieu Amalric ne prémédite pas sa participation au casting du film au moment de l’écriture, comme le journal Le Monde le rapporte en 2010 peu après la sortie du film : « J’ai compris que tout le monde savait que c’était moi qui allais jouer dans mon film, sauf moi. »

Bande-annonce de Barbara:

Un article de Adrien Kuenzy