Inséparables, ils reviennent en duo, Mehdi Idir et Grand Corps Malade, nommés aux Césars pour leur excellent «Patients», retrouvent ici le chemin du collège pour nous conter une année au sein d’une vie scolaire dans un établissement des Hauts-de-Seine.
Samia (Zita Hanrot), jeune CPE fraîchement débarquée dans les Hauts-de-Seine, va vivre une année mouvementée à la barre de la vie scolaire d’un collège de la cité le Franc-Moisin. Une zone sensible, comme ils disent, où les enseignants exercent avec plus ou moins d’aisance. Et les élèves, cloîtrés dans leur filière «sans option», empêtrés dans leur cité, sans perspective aucune, résignés. Un microcosme empreint de morosité à l’approche de la rentrée, pourtant Samia insuffle à son établissement une dynamique nouvelle et retrouve une forme d’espoir avec un jeune de 4ème, Yanis (Liam Pierron).
Carton public et succès critique unanime, «Patients» en 2017 dépassait le million d’entrées et se retrouvait en lice pour 4 Césars, dont celui du meilleur film; nul doute que «La Vie scolaire» fera lui aussi grand bruit. Quitte à filmer le Franc-Moisin, quoi de mieux que de caster sur place, à la sauvage, Mehdi Idir et Grand Corps Malade retrouvent une fois encore une distribution loin des fards et offrent pléthore de premiers rôles. A commencer par le jeune Yanis, incarné par un incroyable Liam Pierron, pris à la gorge entre l’école, sa mère et les visites au parloir en prison. D’ailleurs, il y croisera Samia, elle qui s’est épris d’un Cartouche de la carte bancaire. Plutôt à l’école, Yanis l’avait scotché sur Frida Kahlo, alors un peu dans la confidence, ils s’apprivoisent et doucement, Yanis devient son protégé.
«La Vie scolaire» réconforte et apaise, un film salvateur en plus d’être d’une élégance folle.
Une sortie qui fera sans doute écho au métrage «Les Misérables» de Ladj Ly présenté cette année à Cannes avec presque des airs à la Spike Lee et son «Do the Right Thing»; une année au sein d’une vie scolaire dite «sensible», pour un hymne à cette génération, une ode à la fraternité, à l’entraide et à l’espoir dans les tréfonds de l’école de la République. «Déjà qu’on est dans une ville de kaïras, dans un quartier de kaïras, dans un collège de käiras, et vous votre idée c'est de regrouper tous ces fous ensemble?» entendra-t-on de Yanis en conseil de discipline. Loin du pamphlet, la critique du système est légère, mais juste, toujours. Chaque fois que la porte de la vie scolaire s’ouvre, le duo de réalisateurs régale de saynètes croustillantes, la palme sans doute pour cette histoire de gomme bafouillée dans un jargon déjà mémorable, ou à globalement toutes les excuses du personnage joué par Hocine Moukando.
Filmer une génération, un exercice de haute voltige parfaitement exécuté par les désormais toujours excellents Mehdi Idir et Grand Corps Malade. Un film capable de rire là où l’école ne rit plus, capable de s’émerveiller, d’émerveiller, un film coupable de bonhomie, d’authenticité, d’irrévérence et d’une tendresse infinie pour ses protagonistes, avec un clin d’œil pour les filières du cinéma. Quelque part entre l’administration méticuleuse des carnets de correspondance, l’ingénierie des chewing-gums dans les serrures, l’envie d’exister et le tragique accident de scooter, le métrage trouvera nécessairement un écho en chacun. A sa manière, «La Vie scolaire» réconforte et apaise, un film salvateur en plus d’être d’une élégance folle.
En bref!
Après le carton de «Patients» en 2017, le duo Mehdi Idir et Grand Corps Malade réitère l’exploit. Une année au sein d’une vie scolaire mouvementée de Hauts-de-Seine, une œuvre d’une justesse imparable portée par une écriture sensible, bien dans son époque, et un casting extraordinaire.
4/5 ★
Plus d'informations sur «La Vie scolaire». Au cinéma le 28 août.
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