Le scénariste et auteur de Quai d’Orsay, Antonin Baudry réalise son premier film avec «Le chant du loup». Diplomate de profession et créateur de bandes dessinées, le Français de 43 ans se lance dans un drame en eaux profondes.
Chanteraide (François Civil) est l’as des as. Surnommé l’« oreille d’or », son ouïe est réputée infaillible, il reconnaît chaque son marin qu’il entend. C’est lui qui tient entre ses mains le sort du sous-marin nucléaire français. Malgré sa réputation glorieuse, il commet une erreur qui le met dans de sales draps. Lui, la pièce maîtresse, a depuis perdu en crédibilité. Il cherche à retrouver la confiance de ses supérieurs et ses pérégrinations vont propulser sa hiérarchie dans un engrenage diplomatique.
Ils sont beaucoup à demander que le cinéma français soit plus ambitieux. Le chant du loup est un exemple de prise de risque intéressant, dans un genre que le cinéma américain a pillé et que Thomas Vinterberg a testé récemment avec Kursk. Un film d’action de sous-marin, à la dramaturgie haletante. Antonin Baudry emprunte les codes du cinéma grand public, pour démouler un blockbuster courageux. Et le sentiment positif sera confirmé grâce à une scène d’ouverture excellente d’intensité, sur terre. L’équipage à bord du sous-marin français doit rapatrier une unité au sol en mauvaise posture.
Une entame radicale...
Une entame radicale, une bonne dose d’action pour enfin… perdre de sa superbe. La faute à une intrigue et une sous-intrigue mollassonnes, où Baudry opte pour une romance inutile entre Chanteraide et Diane (Paula Beer). Paula Beer est même cantonnée à de la figuration - et c’est bien dommage connaissant son talent. Chanteraide, amoureux mais obsédé par ce son à 4 temps, ou 4 pales, si pur et mystérieux entendu au fond des eaux, sombre dans les abysses. Son enquête frise le ridicule dès l’instant où il décide de court-circuiter sa hiérarchie, en usant de ses talents auditifs. François Civil n’a pas l’étoffe pour porter l’histoire, trop tendre.
S’employant à décrire les opérations de manière très réaliste, Baudry oublie des facteurs primordiaux : direction d’acteurs et intensité pour un métrage de ce genre. Les acteurs chevronnés que sont Omar Sy, Reda Kateb ou encore Mathieu Kassovitz sont en roue libre. Omar Sy n’est jamais à la hauteur de son rôle, Reda Kateb est absent et Mathieu Kassovitz en fait des caisses pour insuffler un vrai élan dramatique. Impossible de passer à côté des dialogues boiteux ou du rythme inégal pour une oeuvre de cette ampleur.
Si Thomas Vinterberg avait réussi à retranscrire cette sensation suffocante du huis-clos, Baudry l’effleure, la capte dans cette excellente séquence d’ouverture, avant de perdre pied dès le retour à la base. À grandes et irritantes envolées musicales, Le chant du loup voit l’eau s’infiltrer de toutes parts. Le submersible sombre à force de dénoncer et critiquer les institutions et leurs protocoles absurdes.
En bref !
Comme son casting, Le chant du loup manque de charisme et d’incarnation. Une entrée en matière réussie avant de perdre irrémédiablement en consistance plus le film déploie son arc narratif. À articuler son scénario autour de l’expérience auditive, le film d’action se retrouve vulgarisé et tourné en divertissement bancal basé sur une surenchère de l’enjeu. Le chant du loup a fait place au requiem du loup.
1,5/5 ★
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