Interview21. Januar 2020 Theo Metais
«Le photographe» - Le réalisateur Ritesh Batra sur Bollywood et son instinct de cinéaste
Après le succès en 2013 de son «The Lunchbox», le réalisateur Ritesh Batra revient avec une histoire teintée de romance au cœur d’une société indienne traditionaliste. Mumbai comme décor, une histoire d’amour en fil rouge. En interview, le réalisateur se confie sur la tradition, Bollywood et son instinct de cinéaste.
Une interview réalisée par Théo Metais lors de la Berlinale en 2019.
Entre deux grosses productions internationales et votre retour en Inde, qu’est-ce qui a changé?
Presque toute l'équipe qui a travaillé sur «The Lunchbox» a été impliquée sur «Le photographe». C'était comme une grande réunion. Ceci étant, il a été beaucoup plus difficile de tourner. La ville est congestionnée, il est devenu difficile de se rendre d’un point A à un point B. Lorsque nous avions tourné «The Lunchbox», nous pouvions encore tourner à un endroit, et nous déplacer dans la ville facilement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
La fin du film est extrêmement mélancolique, pensez-vous qu’il ne peut y avoir aucun changement sociétal?
J’en sais rien, c’est une bonne question. Quand vous faites un film qui essaye d’imposer votre vision aux gens, alors votre film est certainement raté. Si à la place vous posez des questions, alors peut-être avez-vous réussi quelque chose.
«Il s'agissait aussi de montrer ce que les personnages apprennent d’eux-mêmes au fil de leur relation...»
Comment l’industrie Bollywood est-elle perçue en Inde?
Bollywood est une industrie gigantesque qui fait partie de la vie de chacun. La musique a aussi une place prépondérante dans notre culture. Les chansons et les mariages sont eux-mêmes inspirés des films bollywoodiens et on compte près de 900 nouveaux films par an. J'ai moi-même grandi avec les films de Bollywood.
Les deux personnages semblent très ambivalents, et vouloir vivre dans le monde de l’autre. Il souhaite la sécurité dans laquelle elle a grandi, et elle se met à rêver de la simplicité d’une vie au village. À t-il été important pour vous de montrer cet équilibre?
Non, je ne pense pas. Cet équilibre suit simplement le cours de leur relation. Quand je travaillais sur le film, j'ai surtout été occupé avec ce qu’ils ignorent encore de leur cœur et ce jusqu'à ce qu’ils se rencontrent. Il s'agissait aussi de montrer ce que les personnages apprennent d’eux-mêmes au fil de leur relation. Mais cette interprétation est aussi valide. Il souhaite en effet la sécurité, et elle rêve d’une vie plus simple, ou du moins ce qu’elle en comprend.
Quelles ont été vos inspirations pour ces deux protagonistes? Des souvenirs d’enfance?
Non, il y a énormément de fiction derrière ces deux personnages, ceci dit, j’ai effectivement vécu dans le milieu dans lequel les personnages évoluent.
Vous semblez être un réalisateur très intuitif, comment savez-vous quand c’est la bonne prise?
C’est une très bonne question. Je crois qu’il faut simplement faire confiance à son intuition, car si vous tournez une scène supposée drôle, et que déjà sur le plateau personne ne rigole, alors il y a assez peu de chance pour que cela fonctionne en salle. Même avec de la post-production, les chances sont minimes pour que ça prenne.
Le travail sur un film est évidemment très intuitif, chacun est guidé par son intuition car en réalité c’est la seule chose à laquelle vous pouvez vous fier. Sur un plateau de tournage ou lorsque vous choisissez un scénario, votre intuition est la seule chose qui compte. Avec le temps, on apprend à s’y fier.
A découvrir dès le 22 janvier au cinéma. Plus d'informations sur «Le photographe».
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