Critique23. August 2024

Locarno 2024 : «Invention», ou l’absurdité du deuil par Courtney Stephens

Locarno 2024 : «Invention», ou l’absurdité du deuil par Courtney Stephens
© Locarno 2024

Cinéaste californienne expérimentale, Courtney Stephens signe sa première œuvre de fiction après les documentaires «Terra Femme» et «The American Sector». Aux côtés notamment de l’actrice Callie Hernandez, «Invention» entremêle conspirationnisme, sciences occultes et introspections personnelles. Fascinant!

Au décès de son père, une jeune femme (Callie Hernandez) croule sous les démarches administratives inhérentes à la situation. Éminent scientifique, accessoirement conspirationniste et un peu charlatan, il lui aurait légué le brevet ainsi que le prototype d’une machine, dite, révolutionnaire et capable de soigner l’humanité. Intriguée, elle rencontre ceux qui ont investi de l’argent dans cette expérimentation. Et à l’écran, son récit se mêle aux archives de son père sur les plateaux de télévision dans les années 90.

Présentée le 11 août dernier en première mondiale au festival de Locarno, «Invention» appartient à ses œuvres qui font la réputation des festivités tessinoises. Avant-gardistes, expérimentales, intimes, touchantes et glacées d’un humour pince-sans-rire, les 70 minutes du film nous parlent de la délicate possibilité du deuil et de ses humeurs adjacentes. À commencer par la scène d’ouverture: un croque-mort passe en revu les musiques pré-enregistrées sur l’orgue pour la cérémonie mortuaire. Le contrat avec le public est clair: «Invention» convoque absurde et mélancolie sur l’autel du départ.

Locarno 2024 : «Invention», ou l’absurdité du deuil par Courtney Stephens
Callie Hernandez dans «Invention» de Courtney Stephens © Locarno 2024

Lauréate du prix de la meilleure performance dans la catégorie Cinéastes Du Présent, Callie Hernandez (connu du grand public pour avoir été notamment au générique de «Under The Silver Lake», «Alien: Covenant», «Shotgun Wedding» ou encore «La La Land»), s’offre une performance crépusculaire, chagrine et magnétique. À mesure qu’elle découvre les fabulations du paternel, cette étonnante machine électrique devient alors une obsession. Les fantômes nous envoûtent toujours dans un dernier mambo d’adieu avant de ranger le costume. Un sentiment encapsulé par Courtney Stephens dans une réalisation onirique où se croisent élégamment «Alice aux Pays des Merveilles», la théorie atomique, les vibrations de la nature et la promesse d’une nouvelle ère. «Invention» est une découverte bien singulière qui présage d’une cinéaste à surveiller de (très) près.

4/5 ★

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