Critique14. August 2024

Locarno 2024: «Ma famille chérie» de Isild Le Besco, violences conjugales et brasier familial

Locarno 2024: «Ma famille chérie» de Isild Le Besco, violences conjugales et brasier familial
© 2024 Locarno Film Festival

Présente au Festival international du film de Locarno pour son nouveau long-métrage, la réalisatrice française Isild Le Besco a dévoilé un récit hautement personnel, à la fois tendre et violent. Porté par une exceptionnelle Élodie Bouchez, on fait le point sur «Ma famille chérie».

À Rome, Estelle (Élodie Bouchez) est maltraitée par son mari (Stefano Cassetti). Après une énième scène d’humiliation et de violence physique, elle décide de rejoindre sa mère (Marisa Berenson) avec ses enfants avant une réunion familiale à Dublin. Les années sont passées et les douleurs de l’enfance ressurgissent. En effet, les frères et sœurs de cette famille recomposée se retrouvent pour la première fois depuis une éternité. Entre règlements de compte et fraternité fragile, bientôt, la famille s’embrase.

Pleine d’enthousiasme sur la scène de La Sala de Locarno, épaulée par la présence solaire des équipes de production et d’Élie Semoun, la première de «Ma famille chérie» s’est ouverte sous les meilleurs auspices. «Nous avons tourné il y a 4/5 ans. Je pensais ne jamais voir le film» a d’ailleurs taquiné l’acteur et humoriste français qui a aussi remercié Isild Le Besco de lui avoir permis, enfin, d’être à l’affiche d’un film d’auteure.

De la présence mystique de Jeanne Balibar, à l’emblématique Marisa Berenson («Mort à Venise» de Visconti, «Barry Lindon» de Kubrick, rien que ça), au magnétisme d’Élodie Bouchez en passant par la performance d’Isild Le Besco, elle-même, une chose est certaine, ici la bonhomie rayonne. Sans doute, fallait-il en passer par les anges du septième art pour oser aborder le récit volubile, et finalement très âpre, de «Ma famille chérie».

Locarno 2024: «Ma famille chérie» de Isild Le Besco, violences conjugales et brasier familial
Élodie Bouchez (Estelle) et Élie Semoun (dans le rôle du frère) © 2024 Locarno Film Festival

Elle avait pris la parole à la suite du mouvement déclenché par Judith Godrèche sur l’affaire Benoît Jacquot. C’est d’ailleurs son film «Sade» en 2000 qui la révèle au cinéma. Après des années de silence, 2024 marque un tournant pour Isild Le Besco. Elle reprend notamment le contrôle de son histoire avec la parution de son livre «Dire Vrai» et annonce en mai dernier au journal Libération avoir porté plainte pour viol contre le cinéaste. Dans le décor bourgeois de ce manoir surplombant la baie de Dublin, la cinéaste déploie alors le récit d’une famille lestée par le souvenir tragique d’une enfant noyée. Une démarche hautement symbolique, personnelle et métaphorique. Et si le clan s’écharpe aujourd’hui, c’est peut-être justement que la parole se libère… 20 ans plus tard.

Un monde s’effondre toujours à l’aube d’une nouvelle ère, l’occasion aussi pour Estelle - formidablement interprétée par Élodie Bouchez - de percer l'abcès de sa situation conjugale et de se retrouver elle-même. Et si finalement, «Ma famille chérie» pourra sembler un tantinet simpliste dans sa réalisation, c’est bel et bien l’amour et l’attention à l’égard des maux des protagonistes qui font de «Ma famille chérie» une œuvre tout à fait singulière.

4/5 ★

Plus d’informations sur «Ma famille chérie»

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