Critique18. Juni 2019

«Long Shot» - Une course à la présidentielle d’un genre Pretty Woman inversé

«Long Shot» - Une course à la présidentielle d’un genre Pretty Woman inversé
© Ascot Elite Entertainment Group

Plus romantique tu meurs ! Attention, ambiance légère, d’un genre cendrillon aux relents de «Pretty Woman» ou «When Harry met Sally», le réalisateur Jonathan Levine s’attaque à la comédie romantique puissance maximale, et la bobine est étonnamment surprenante.

Lui est un journaliste influent à l’humour teinté des (dés)illusions d’un trentenaire, elle est en lice pour les présidentielles américaines. Ils se sont connus, c’était il y a longtemps, un peu plus âgée, elle était sa baby-sitteur et son coup de foudre de jeunesse. Des années plus tard, alors qu’il se lève contre une atteinte à la liberté de la presse, le voilà au chômage, renvoyé de sa rédaction, littéralement à court de plan et d’inspiration. La providence se charge alors de les réunir.

C’était son carton au Festival de Toronto en 2006, «All the boys love Mandy Lane» et le cauchemar qui entoure la sortie de son long-métrage révèle Jonathan Levine, au passage le métrage deviendra un peu culte. Amber Heard est remplacé ici par la Madeleine de grâce, Charlize Theron («Tully»), en passe de renvoyer au bestiaire la gérontocratie américaine. En effet, Charlotte Field se lance dans la course à l’investiture du Bureau ovale, soutenue (un temps) par son pensionnaire, un président star du petit écran qui rêve de cinéma (Bob Odenkirk). Aussi idiot et charmant que gentiment à propos, «Long Shot» ramène une sorte de Ronald Reagan inversé aux commandes de la première puissance mondiale. À sa condescendance, il ne manque que l’éclat de la chevelure de celui que Busta Rhymes surnomme «L’agent orange». Aussi nous reconnaîtrons du Citizen Kane et l’on se dit que le film a de la jugeote.

Imparfait, fier, égocentré, sûr de lui mais tendre et attachant...– Theo Metais

Alors que le scénario est passé entre les mains de pas mal de réalisateurs, Jonathan Levine s’est même retrouvé dans la short-list de la réalisation de «Spider-Man: Far from Home». Joyeux bordel, après «50/50», Levine retrouve Seth Rogen et compose un beau personnage masculin de romcom : imparfait, fier, égocentré, sûr de lui mais tendre et attachant. Un personnage central qui rencontre son public dès l'entame, ce journaliste utopiste de la presse en ligne à qui on adresse un charabia en forme de plainte pour avoir été un peu trop virulent. «Le journalisme est mort» lancera-t-il à son boss, et c'est toute une génération qui se reconnaît. Un bras d’honneur à un maniac de la presse qui le conduit dans les artères de la course à la présidentielle aux côtés d’une Charlize Theron toujours aussi charismatique. Dès lors, il lui écrira ses discours et décidément, l’actrice n’en finit plus de surprendre, ne serait-ce que dans ces choix de rôles.

© Ascot Elite Entertainment Group

Deux mondes les séparent, leur romance est aussi impossible qu’inévitable. L’amour frappe avec la brutalité d’un gros coup de latte. Prenez garde, vous et vos pronostics générés par ordinateurs (dans une séquence d’ailleurs très amusante avec June Diane Raphael). Une romance contre-productive disent-ils. Si le métrage de Levine se révèle parfois inégal, la séquence en plein trip dans une boite de Paris étant sans doute la moins authentique et celle des grandes révélations entre Seth Rogen et O'Shea Jackson Jr. illustre certaines contradictions de la bien-pensance blanche américaine (et de Navarre), le scénario de Dan Sterling («The Office» / «South Park») et Liz Hannah («The Post») adresse une observation adroite de son époque.

En bref

«Long Shot» sonne les cloches de la romcom dans un ramdam plutôt efficace. Un excellent duo d’acteurs sous l’égide d’un Jonathan Levine qui ne manque pas de pertinence. Belle surprise estivale.

3/5 ★

Plus d'informations sur «Séduis-moi si tu peux! – Long Shot».

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