Article13. Oktober 2024 Cineman Redaktion
Les meilleures séries de 2024 (à ce jour)
Pour nous avoir émus, bouleversés et follement divertis, voici une sélection des meilleures séries découvertes, à ce jour, par notre rédaction en 2024.
«Il est de bon ton, parfois, de laisser passer la vague», a surement dit un jour un fin philosophe surfer. L'occasion donc de méditer une fois la hype passée, et de prendre un peu de recul sur les séries visionnées depuis le début de 2024. Voici donc l'heure du bilan, calmement, en se remémorant chaque instant (oups, on divague). Bref, entre la présence de Ncuti Gatwa dans la peau de «Doctor Who», la très étonnante reprise de la saga HBO «True Detective» en janvier dernier avec Jodie Foster et Kali Reis, l'incroyable mini-série animée «Samuel» d'Émilie Tronche sur Arte ou encore la volte du Japon féodal de «Shōgun» sur Disney+, voici les séries qui ont tapé dans l'œil (et le cœur) de nos équipes cette année.
Cet article sera mis à jour au fur et à mesure des mois à venir et inclut les contributions de nos auteurices: Maria Engler, Emma Raposo, Peter Osteried, Christopher Diekhaus, Maxime Maynard et Théo Metais.
«Mon petit renne»
Netflix
Inspiré de son one man show joué au Festival Fringe en Écosse en 2019, l’écrivain et acteur écossais Richard Gadd revient sur les années durant lesquelles il a été suivi par une stalker du nom de Martha (Jessica Gunning) et une rencontre poisseuse avec un célèbre scénariste. Exutoire de douleurs enfouies, «Mon petit renne» raconte aussi et surtout les séquelles que ces rencontres lui ont laissé.
Profitant d'une réalisation minutieuse, à hauteur de ses protagonistes, et d'un format éclair (7 fois 30 minutes), il se dégage de «Mon petit renne» des (sé)vérités effroyables et bouleversantes. Succès sur les planches, le passage au format sériel est un petit miracle cathartique et urticant. mes sensibles s'abstenir. Casting impeccable, réalisation clinique et magnétique, «Mon petit renne» est indéniablement le carton inattendu de l'année 2024. -TM-
«Samuel»
Arte.tv
Le trait est noir et minimaliste, sans fioritures. La créatrice, Emilie Tronche, tout juste diplômée de l’École des Métiers du Cinéma d’Animation d’Angoulême lorsqu’elle imagine Samuel, a crayonné ce personnage comme on écrit dans son journal. Et si les protagonistes semblent dessinés à la va-vite, presque raturés, on s’y attache rapidement, tant les coups de crayons parviennent à capter les expressions. C’est que la série animée, en partie basée sur des éléments autobiographiques de la jeune réalisatrice, raconte avec beaucoup de justesse ce que c’est d’avoir 10 ans dans les années 2000.
Le tour de force est réussi. On se prend au jeu. À la fin de chaque épisode, on veut connaître la suite. Avec pour fil rouge l’amour de Samuel pour Julie, l’histoire capture des émotions et des moments propres à une période, l’essence d’une étape si importante de la vie que tout le monde a vécue avec plus ou moins de doutes, de joies et de peines. Sensible et touchant. -ER-
«Doctor Who»
Disney+
En 2005, le capitaine Jack Haknesse (John Barrowman) devenait l’un des compagnons du 9ᵉ Docteur. Icône bisexuelle, le personnage avait même eu droit à sa propre série spin-off, «Torchwood». Fin 2023, c’était au tour de l’actrice transgenre Yasmin Finney - connu pour sa participation au phénomène «Heartstopper» sur Netflix - de devenir la voix d’une communauté en interprétant Rose Temple-Noble, la fille du personnage de Donna Noble (Catherine Tate), dans les épisodes spéciaux célébrant les 60 ans de la série. Il est clair que «Doctor Who» n’en est pas à son premier essai pour une meilleure représentation d’une communauté queer aussi diverse que variée.
Mais pour son grand retour, et celui du producteur ouvertement gay Russel T. Davies, la série devient d’autant plus fabuleuse. Preuve étant, la présence du génial Ncuti Gatwa. Lui-même queer, il déconstruit, pour cette nouvelle réincarnation, l’image d’une certaine masculinité, aidé par les incroyables tenues de la costumière Pam Downe. Et que dire de l’apparition de la superbe Jinkx Monsoon en antagoniste complétement décalée? Sortie vainqueur de la cinquième saison de la célèbre émission «RuPaul Dragrace», la chanteuse et performeuse drag y est parfaitement à son aise. Une représentation si kitsch, qu’on ne peut qu’en redemander! -MM-
«True Detective : Night Country»
HBO / Sky Show
Les nuits éternelles de l’Alaska devant la caméra d'Issa López, qui remplace le créateur Nic Pizzolatto. La série d'anthologie «True Detective» faisait son grand retour avec Jodie Foster, Kali Reis et un petit air à la John Carpenter… Après la Louisiane, une ville industrielle californienne et les hauts plateaux des Ozarks, cette quatrième série nous dépose au fin fond de l'Alaska, à Ennis, une bourgade fictive étouffée par la neige, dernier bastion avant le bout du monde.
Y a-t-il véritablement une malédiction et la disparition des scientifiques pourrait-elle aussi s’expliquer dans l’au-delà? La mise en scène se fait le miroir de ces questionnements et Issa López insère de nombreuses séquences aux bords de l’étrange. Parfois un peu maladroit, «True Detective : Night Country» appuie (trop?) la symbolique. Or, en associant le polar à l'horreur, la série gagne en atmosphère et se démarque ainsi des produits surannés du genre. -CD-
«Agatha All Along»
Disney+
Agatha Harkness est de retour pour notre plus grand plaisir! La puissante sorcière, crée en 1970 dans les comics du célèbre Stan Lee, faisait son apparition en 2021 dans la série «WandaVision» sous les traits de la géniale Kathryn Hahn. Aujourd’hui vidée de sa magie, elle tente de retrouver ses pouvoirs à l’aide de la mythique Route des Sorcières, entourée de quatre compagnes que tout oppose et d’un mystérieux adolescent. Si la Route est parsemée de dangers, Agatha est prête à tout pour arriver à ses fins. Une série fascinante portée par une distribution cinq étoiles.
«Mister Spade»
HBO / Canal+
Dans les années 60, Sam Spade (Clive Owen) a quitté San Francisco et rangé son imper. Suite à une mission qui l’a mené dans le sud de la France et fait tomber sous le charme d’une belle veuve du nom de Gabrielle (Chiara Mastroianni), il a posé ses valises à Bozouls, petite bourgade non loin de Montpellier. Marié, mais veuf depuis peu, il coule des jours paisibles à nager dans la piscine de sa magnifique demeure héritée de sa femme, fumer et boire son whisky au bar du village.
Sorti tout droit de l’imagination de Dashiell Hammett en 1930 pour les besoins de son roman «Le Faucon de Malte», le détective se paie un comeback sous les traits de Clive Owen. Digne successeur de Humphrey Bogart, inoubliable Sam Spade dans «Le Faucon Maltais» de John Houston en 1941, Clive Owen a tout le flegme et le charisme nécessaires pour incarner le personnage à la perfection. Sans mimétisme, mais fort d’un héritage conséquent, l’acteur britannique fait revivre la légende avec brio. -ER-
«Présumé Innocent»
Apple TV+
Rusty Sabich (Jake Gyllenhaal) est procureur adjoint en chef et mène une vie en apparence idyllique avec sa famille. Mais un jour, il apprend que sa collègue Carolyn a été sauvagement assassinée et il est directement mis sur l'affaire. Ce que tout le monde ignore, c'est que Rusty et lui entretenaient une liaison. Mais bientôt, ses secrets remontent à la surface et menacent de détruire toute sa vie. Il doit alors trouver au plus vite le véritable coupable, car les preuves s'accumulent contre lui.
Si vous n'avez pas vu l'adaptation cinématographique de 1990 avec Harrison Ford ni lu le roman de Scott Turow (paru en 1986), «Présumé Innocent» promet de veritables montagnes russes émotionnelles pour vous. Or les fans de polars qui connaissent l'histoire trouveront également leur compte dans cette histoire passionnante. Dans le style des meilleures séries du genre, chaque épisode offre à la fin un cliffhanger choquant qui invite au binge watching. Bref, coup de cœur. -ME-
«Fallout»
Amazon Prime
L'adaptation en format sériel de la série de jeux vidéos à succès «Fallout» dévoile une version passionnante d'un avenir dans lequel la guerre froide est soudain devenu un ardent brûlot.
Le résultat: un monde aux multiples facettes, rempli d'êtres louches, de ruines et de groupes fanatiques. Le design rétrofuturiste des costumes et des dispositifs techniques, la musique des années 50 et 60, les nombreux lieux et les différentes créatures et groupes rendent la série absolument digne d'être vue et fournit de nombreux détails passionnants. Il existe de nombreuses références pour les gamers de la première heure, ainsi que suffisamment de matière pour le public qui entrent dans le monde de «Fallout» avec la série. Bref, sacrément divertissant! -ME-
«Disclaimer»
Apple TV
La journaliste et documentariste Catherine Ravenscroft (Cate Blanchett) reçoit un jour un prix très convoité pour ses révélations et reçoit de nombreux éloges. Et c'est précisément au moment de ce triomphe que sa vie se transforme en cauchemar. La cause? Un livre qui lui a été envoyé anonymement et dans lequel elle se retrouve comme protagoniste. L'auteur, qu'elle identifie rapidement comme étant Stephen Brigstocke (Kevin Kline), révèle en effet le sombre passé de la journaliste qui menace désormais son mariage avec Robert (Sacha Baron Cohen), son fils Nicholas (Kodi Smit-McPhee) et sa réputation.
Quels sont les pouvoirs des récits et comment manipulent-ils les foules? Alfonso Cuarón trempe sa mini-série «Disclaimer» dans un bain de questions passionnantes. Basée sur le roman éponyme de Renée Knight, le cinéaste frappe fort et dévoile une série aussi alléchante que son parterre de stars.
«Eric»
Netflix
À New-York, en 1985, dans une métropole ou la situation des sans-abris, l’épidémie de SIDA, la discrimination, le racisme, la corruption et les problèmes de santé mentale font rage, la série explore la disparition d’Edgar, un jeune garçon. Benedict Cumberbatch incarne Vincent Anderson, son père et marionnettiste pour un show télévisé qui rappelle la cultissime émission «Sesame Street». Bientôt, Eric voit apparaitre un monstre dessiné par son fils disparu.
On pourrait croire à une lubie de l’imaginaire, mais la réalité est tout autre. En effet, le monstre est bel et bien la manifestation des troubles mentaux du personnage de Benedict Cumberbatch. Dans ses meilleurs moments, la série rappelle la saison «NYX» d'«American Horror Story» ou encore «Serpico» (1973) de Sidney Lumet. Un drame puissant qui permet de sonder l'âme de son protagoniste. Psychodrame et miroir aux alouettes d'une métropole, la série imaginée par Abi Morgan offre aussi et surtout une belle expérience de visionnage durant les six épisodes. -ME-
«Le Problème à trois corps»
Netflix
Les romans de l'auteur chinois Liu Cixin n'ont pas seulement rencontré un succès mondial, ils ont également enflammé l'imagination des cinéastes. Sa grande œuvre est la trilogie Trisolaris, composée des livres «Les trois soleils», «La forêt sombre» et «Au-delà du temps». Les créateurs de «Game of Thrones», David Benioff et D.B. Weiss, se sont chargés de l'adaptation de cette trilogie pour Netflix. Une chose est certaine, la première saison est de la très grande science-fiction.
En effet, «Le Problème à trois corps» raconte l'histoire d'envahisseurs extraterrestres venus sur l'invitation d'une seule personne, mais qui mettent 400 ans à faire le voyage. La série s'interroge sur les conséquences de cette situation pour l'humanité. Au sens le plus noble, et littéraire, du terme, la SF que véhicule cette série transpose de vastes images et grands concepts d'idées, tout en les ramenant à la condition humaine. -PO-
«Shōgun»
Disney+
Un voilier s'échoue sur les côtes japonaises, avec à son bord un équipage hétéroclite dirigé par le timonier anglais John Blackthorne (Cosmo Jarvis) au bord de la mort. À l'exception des Portugais, qui cachent l'emplacement du Japon aux autres puissances européennes, aucun Européen n'a encore mis les pieds dans l'archipel. Bientôt, Blackthorne se retrouve au milieu d'une lutte de pouvoir. Le prince Yoshi Toranaga (Hiroyuki Sanada) veut alors utiliser le marin anglais à son avantage, mais il apprend des choses monstrueuses sur les chrétiens portugais qui veulent également devenir les maîtres du Japon.
Celles et ceux qui ne connaissent pas très bien le système de domination et les positions du pouvoir dans le Japon féodal du XVIIe siècle perdront rapidement le fil. Mais ne serait-ce que pour le cadre et la représentation bien documentée de la culture et de la société japonaises, «Shōgun» est une série qui mérite toute notre attention. Outre les paysages japonais sauvages et un soupçon de navigation, on peut admirer de magnifiques villes, bâtiments, costumes et combats, qui témoignent d'une attention particulière aux détails et à la précision historique. La série, basée sur le roman éponyme de James Clavell paru en 1975, a fait appel à toute une série d'experts et d'entraîneurs qui ont créé un monde réaliste et hypnotisant, dans lequel même les mouvements des figurants sont chorégraphiés dans les moindres détails. À voir absolument! -ME-
«Little Bird»
Arte
Dans la province du Saskatchewan, en 1968, Bezhig Little Bird, cinq ans, est arrachée à sa famille avec son frère et sa sœur. Les services sociaux canadiens prétextent la malnutrition pour dissoudre la famille. Et qu'importe si la mère se débat devant les tribunaux pour récupérer sa progéniture, ils sont envoyés dans un pen sionnat. Bientôt adoptée par une famille juive de Montréal (Lisa Edelstein dans le rôle de la mère), Bezhig se nomme aujourd'hui Esther Rosenblum. Et alors qu'un mariage se profile, la jeune femme, 20 ans (Darla Contois), tente de retrouver sa famille biologique.
À mesure que la vérité s'éveille, les atrocités se révèlent, et la force de résilience aussi. Sur 6 épisodes (environ 50 minutes), la série «Little Bird» est à la fois manifeste, éducative et un bel objet sériel. Un divertissement rare, qui maîtrise l'art de la retenue pour parler de ce génocide culturel, des traumas collectifs et des plaies laissées béantes. À regarder sans modération. -TM-
«Bouchon»
Arte.tv
Alors qu’elle gagne sa croute dans un studio de tournage qui fait des sketchs pour Youtube, Éléonore, dit Lolo, (Éléonore Costes), la trentaine, est en passe de décrocher son premier rôle au cinéma. Une perspective qui pourrait l’emmener jusqu’à Tokyo, et alors que s’éveillent des rêves de 7e art, son père refuse de soigner son cancer. Une nouvelle qui agite les consciences de sa famille qui beugle aussi fort qu’elle s’aime. Aussi charmante que dysfonctionnelle, bientôt, les angoisses d’Éléonore sont à l’image de ses géniteurs: théâtraux, gargantuesques et attendrissants.
Un temps membre du collectif Golden Moustache, Éléonore Costes passe à la réalisation avec une mini-série détonante. Coup de cœur immédiat, à la fois touchante et réjouissante, «Bouchon» se délecte comme une bouffée d’air frais. -TM-
«Le Sympathisant»
HBO / Sky Show
Basé sur le roman éponyme de l’écrivain Viet Thanh Nguyen (Prix Pulitzer en 2015), «Le Sympathisant» est à la fois un thriller d'espionnage et une satire politique. La série en sept épisodes (d’environ une heure) pose un nouveau regard (comprenez moins américain) sur la guerre du Vietnam. Une guerre que les Vietnamiens appellent d'ailleurs la guerre américaine. Des deux côtés du Pacifique, «Le Sympathisant» dévoile le parcours d’un protagoniste surnommé le «Capitaine», incarné par l’acteur Hoa Xuande. Espion communiste infiltré dans l’armée du sud du Vietnam, c’est un agent double qui se rapproche à la fois de la CIA et d'un général sud-vietnamien (Toan Le) assoiffé de pouvoir.
Produit notamment par A24 («The Farewell», «Everything Everywhere All at Once», «Past lives»), réputée pour porter à l’écran les histoires de la diaspora asiatique, «Le Sympathisant» trouvera une résonance particulière dans le catalogue de la maison new-yorkaise. Le cinéaste Park Chan-wook” change de paradigme et nous raconte le Vietnam avec une mise en scène endiablée. -GT-
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